Gallimard, coll. folio, 170 p., 2014 (première parution 2008), 5,80€
La femme aux pieds nus, c'est la mère de S.Mukasonga, une mère courage, dans le Rwanda des années 60/70.
Exilées à Nyamata, au Bugesera, une région aride et inhospitalière, les familles tutsi s'organisent pour survivre, se procurer de quoi se nourrir, s'entraider et essayer de se protéger des violences permanentes des soldats hutus.
Pour bien comprendre comment le pays en est arrivé là, il faut remonter dans le passé. Les Allemands, les premiers colons, ont développé la chimère d'une supériorité raciale des Tutsis, basée sur leurs traits fins, leur grande taille et ils ont brodé sur leur origine incertaine (Egypte, Ethiopie, Israel ?). Par ailleurs, la plupart du temps éleveurs de vaches, les tutsis ont le statut social le plus élevé du Rwanda. Pendant très longtemps, les rois sont tutsi. Les Hutus, eux sont des paysans, ils forment "le peuple de la houe". Au moment de l'indépendance, les Belges qui forment la deuxième vague de colons et qui s'appuyaient sur les tutsis, changent les alliances et favorisent à ce moment là les Hutus majoritaires donc plus intéressants. Les conflits ethniques (et sociaux ?) s'accentueront progressivement. S'ensuivront de nombreuses violences contre les tutsis, les déplacements forcés, le bannissement des institutions (dont les établissements scolaires) malgré des "quotas" instaurés par les belges, les viols, les humiliations et, en apothéose de l'horreur, le génocide de 1994.
Stefania, la mère de l'auteure, cherche à protéger ses enfants, elle pressent le génocide à travers les violences subies, imprévisibles. Elle apprend aux enfants à se cacher, les appelle parfois soudainement pour les serrer contre elle.
Mais la vie continue dans cette région déshéritée, il faut se nourrir, il faut aller à l'école des blancs et étudier, on continue à se marier selon les conventions, on continue à conter, à se parler ...
Avec des mots simples, S.M décrit le quotidien, sans nostalgie, avec précision, pour qu'on n'oublie pas. Tout est là. Le dernier chapitre traduit la culpabilité de la survivante et en même temps, le devoir de mémoire qu'elle a choisi. Pour les siens, pour ceux qu'elle a perdu, pour ses parents et pour toutes les victimes de violences.
C'est le 3e livre de SM. que je lis, tous imprégnés de la mémoire tutsi, tous une ode à son pays et à la vie, sans haine. Un regard tourné vers l'avenir, malgré tout.
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La femme aux pieds nus, c'est la mère de S.Mukasonga, une mère courage, dans le Rwanda des années 60/70.
Exilées à Nyamata, au Bugesera, une région aride et inhospitalière, les familles tutsi s'organisent pour survivre, se procurer de quoi se nourrir, s'entraider et essayer de se protéger des violences permanentes des soldats hutus.
Pour bien comprendre comment le pays en est arrivé là, il faut remonter dans le passé. Les Allemands, les premiers colons, ont développé la chimère d'une supériorité raciale des Tutsis, basée sur leurs traits fins, leur grande taille et ils ont brodé sur leur origine incertaine (Egypte, Ethiopie, Israel ?). Par ailleurs, la plupart du temps éleveurs de vaches, les tutsis ont le statut social le plus élevé du Rwanda. Pendant très longtemps, les rois sont tutsi. Les Hutus, eux sont des paysans, ils forment "le peuple de la houe". Au moment de l'indépendance, les Belges qui forment la deuxième vague de colons et qui s'appuyaient sur les tutsis, changent les alliances et favorisent à ce moment là les Hutus majoritaires donc plus intéressants. Les conflits ethniques (et sociaux ?) s'accentueront progressivement. S'ensuivront de nombreuses violences contre les tutsis, les déplacements forcés, le bannissement des institutions (dont les établissements scolaires) malgré des "quotas" instaurés par les belges, les viols, les humiliations et, en apothéose de l'horreur, le génocide de 1994.
Stefania, la mère de l'auteure, cherche à protéger ses enfants, elle pressent le génocide à travers les violences subies, imprévisibles. Elle apprend aux enfants à se cacher, les appelle parfois soudainement pour les serrer contre elle.
Mais la vie continue dans cette région déshéritée, il faut se nourrir, il faut aller à l'école des blancs et étudier, on continue à se marier selon les conventions, on continue à conter, à se parler ...
Avec des mots simples, S.M décrit le quotidien, sans nostalgie, avec précision, pour qu'on n'oublie pas. Tout est là. Le dernier chapitre traduit la culpabilité de la survivante et en même temps, le devoir de mémoire qu'elle a choisi. Pour les siens, pour ceux qu'elle a perdu, pour ses parents et pour toutes les victimes de violences.
C'est le 3e livre de SM. que je lis, tous imprégnés de la mémoire tutsi, tous une ode à son pays et à la vie, sans haine. Un regard tourné vers l'avenir, malgré tout.
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