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vendredi 22 avril 2011

La mort se lève tôt de Ramón Díaz-Esterovic

Métailié, 2004, 281p., 18 euros
Un polar comme je les aime ! Une enquête avec en filigrane un sujet de société, une plongée dans les eaux profondes (et parfois nauséabondes) du Chili actuel !
Heredia est détective privé à Santiago. Il supporte sa solitude en philosophant avec son chat, Simenon. C'est le privé type, porté sur la bouteille, solitaire, hanté par le passé, par les femmes qu'il a aimées. Et obstiné.
Son désenchantement se nourrit du passé de son pays :  il n'oublie pas qu'il a combattu la dictature de Pinochet, il n'oublie pas les victimes de la villa Grimaldi et de la DINA, la violence, les crimes commis, la répression terrible ...  L'ambiance du roman est dense, étouffante et on y apprend que quelqu'un peut se trouver brusquement nez à nez avec son ancien bourreau, celui-ci agissant en toute impunité et couvert par les autorités ! Justice n'a pas été faite et l'auteur dit à ce propos : 
" Pour récupérer la démocratie, nous avons dû garantir à Pinochet et aux siens qu'on ne toucherait pas à leurs intérêts politiques et économiques. Et les politiciens de centre droit qui gouvernent aujourd'hui ont été fidèles à ce pacte. Ensuite, ces dernières 12 à 14 années, nous avons vécu un blanchiment constant de l'histoire, les crimes de la dictature sont restés impunis et les avancées de la justice dans ce sens n'ont été que symboliques."
Aujourd'hui, les chiliens se divisent en deux catégories : ceux qui ne veulent pas oublier et les autres. Heredia appartient à la première et vérifie pendant son enquête qu'un lien de solidarité unit ceux qui en font partie ... une étincelle d'optimisme dans un monde bien noir.

L'intrigue policière se place ici à égalité avec les thèmes de la mémoire et de l'injustice, il ne faut donc pas lire le roman seulement pour l'enquête. A mettre en parallèle avec le roman (plein d'humour) de Luis Sepulveda, L'ombre de ce que nous avons été.
Décidément, voilà un pays qui ne me laissera jamais indifférente et dont l'histoire récente me remue encore : qui se souvient aussi des Quilapayun chantant "El pueblo unido jamas sera vincido" ?
Allez voir le billet d' Ys , très complet, grâce à elle (merci Ys !) j'ai fait connaissance avec ce privé amateur de citations et de chat. 
Et pour en savoir plus sur l'auteur, allez .
Vous n'aurez pas la première de couverture : je la trouve vraiment trop moche !!!

1 commentaire:

  1. Je suis vraiment ravie que tu aies apprécié ce livre. "L'ombre de ce que nous avons été" est à mon programme prochain de lectures, je ne doute pas qu'il m'intéressera tout autant.

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