Bienvenue à tous ceux qui aiment lire ...

Lire, pour moi, c'est échapper au quotidien tout en restant proche des hommes et de leurs réalités ...

mardi 5 janvier 2016

La roche qui voulait voyager de Nono Granero et Géraldine Alibeu

Texte Nono Granero et illustrations G. Alibeu, Ed. Hong Fei, 2015, 14,20€
Plus difficile que La ballade de Mulan, La roche qui .... est un pur conte philosophique et s'adresse à des enfants déjà un peu plus grands, me semble-t-il.
Une énorme roche a le désir profond de voyager alors que tout le monde la croit insensible et inerte.
Se mettant à parler, elle tente de convaincre un géologue au cœur dur qui finit par la casser à coups de masse las d'entendre sa complainte ... ce faisant, il la réduit en poudre, poudre qui s'envole et lui permet de voyager. Son vœu est enfin exaucé !
Ne pas se fier aux idées préconçues, aux représentations admises par tout le monde et suivre sa propre idée quand on a un projet. La balade de Mulan, édité chez Hong Feï aussi, développait également ce thème.
Des illustrations toujours très stylisées, aux couleurs douces et un texte clair.
Une belle leçon de vie.
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Premier matin de Fleur Oury

Editions Les fourmis rouges, 2015, n.p., 14€
Qui n'a jamais eu le cœur serré, la boule au ventre avant la rentrée des classes ? Le temps des vacances d'été, on a oublié les copains, la cour qui parait immense, les maitres et les maitresses, les règles de vie collective. Comme il est difficile d'abandonner le cocon familial pour reprendre le chemin de l'école ! Ce bel album facilitera les choses en explicitant les peurs et les sentiments mitigés qu'éprouvent certains tout petits. En les rassurant aussi, grâce aux illustrations tendres, aux couleurs douces. Entièrement dessiné aux feutres, l'ensemble, où domine un environnement verdoyant et fleuri, exerce un effet très apaisant que la stature protectrice de Maman ou Papa Ours (on ne sait pas) accentue.
Petit Ours ne veut pas se lever pour aller à l'école et Papa (ou Maman) Ours lui raconte les activités passionnantes qui l'attendent, les jeux avec les copains, les moments de fatigue mais aussi les progrès. Car Petit Ours va grandir ...
Indispensable pour les tout petits. Passe très bien en lecture de groupe à voix haute.
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Petit piment d'Alain Mabankou

Seuil, coll. Fiction et Cie, 2015, 273 p., 18,50€
Petite déception pour ce roman dont j'attendais surement trop.
Ayant pris beaucoup de plaisir à lire "Verre Cassé" et "Mémoires de porc-épic", je n'en ai pas retrouvé l'intensité qui m'avait charmée.
Bien sûr, la lecture est agréable, bien sur on retrouve les grands thèmes de Mabankou : le Congo son pays, avec sa misère, la corruption des hommes politiques, leur bêtise mâtinée de ruse, l'exploitation des femmes, la croyance dans les esprits, les superstitions ... Mais alors qu'on riait de sa logorrhée verbale, de cette façon bien à lui de retranscrire la langue des congolais, de se moquer des travers des petites gens avec tendresse, le roman reste ici trop sage. Où est passé le petit souffle de fantaisie, de folie qui animait ses personnages ? Absent du texte, est-il allé se nicher tout entier dans le titre du
 roman ?
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La terre qui penche de Carole Martinez

Carole Martinez est une conteuse, elle nous entraîne dans son monde, celui du Moyen Age, des abruptes vignes du Jura (cette "terre qui penche"), des bords de la Loue. Sous sa plume, ils prennent vie et deviennent des personnages que le merveilleux transfigure.
Le père de Blanche, 11 ans, scelle son destin : elle sera mariée rapidement, pour éviter que le diable ne s'empare de son âme car une fille qui veut apprendre à lire, une fille intelligente et volontaire devient la proie du mal. Forcément.
En arrivant chez son futur mari, au domaine des Murmures, elle découvre un simple d'esprit. Mais sa nouvelle famille la surprend et elle va passer avec elle les meilleurs jours de sa courte vie ...
Deux voix content ce destin de femme, la vieille âme et la petite fille, voisines de sépulture, donnant chair aux sentiments, aux indignations, au désespoir, à  la joie. Un très beau texte, léger par la forme et profond par le sens, très construit, dans lequel il faut se laisser immerger doucement.
En creux, l'absence de la mère dessine le rôle central des femmes non seulement dans la société mais aussi dans l'évolution des êtres vivants, dans leur psychologie, dans leur développement.
On pourrait analyser la galerie des personnages qui présente les archétypes humains, ses monstres et ses héros, de l'ogre mangeur de petites filles à celui qui devient un vrai père et découvre l'amour. On pourrait analyser le rôle de l'eau et de la rivière Loue mais ce serait gâcher de vrais moments poétiques, alors restons dans les émotions et régalons nous de cette fresque si vivante !
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