Bienvenue à tous ceux qui aiment lire ...

Lire, pour moi, c'est échapper au quotidien tout en restant proche des hommes et de leurs réalités ...

vendredi 2 décembre 2016

Berezina

Gallimard, coll. folio, 204 p., 2015, 7€10
Dans le style "récit de voyage" ...
Sylvain Tesson part avec des copains russes et français en plein hiver refaire le chemin de la retraite de Russie de 1812, de Moscou à Paris, histoire de revivre les conditions de l'époque. En moto, modèle Oural, matériel russe increvable mais capricieux qui donne lieu à une description hilarante et dont seule la débrouillardise des russes garantit miraculeusement le fonctionnement.
Le désir de précision historique entraine chacun à lire des mémoires et ouvrages divers sur Napoléon et sur la retraite de Russie et leurs réflexions apportent une foule d’anecdotes et de connaissances au cours du périple.
Et c'est ce mélange, précisément, de précisions historiques, de considérations (plus ou moins !) philosophiques, de réflexions sur la guerre et d'observations des hommes, généreusement arrosés de vodka qui donne tout son sel au roman. Comme une poudre de perlimpinpin, ce mélange qui court au fil du récit fait naitre un humour très fin et on sourit bien souvent.
La fin ne manque pas de panache avec l'arrivée des participants, crottés et fourbus, sur des motos toujours prêtes à rendre l'âme, dans la majestueuse cour d'honneur des Invalides où les attendent quelques amis fidèles.
Le petit Corse, la grande armée, les souffrances des grognards, Koutouzov, la victoire du Général Hiver, la bataille de Borodino ... révisez vos connaissances sur Napoléon, même si vous n'avez aucune sympathie pour lui (mais l'auteur en a-t-il vraiment ?).
Un coup de cœur.
@@@@@

 Résultats de recherche d'images pour « berezina tesson »

 

lundi 29 août 2016

Les gens dans l'enveloppe d'Isabelle Monin et Alex Beaupain

JC Lattès, 2015, 376 p., 22€
L'auteure, Isabelle Monin, a acheté chez un brocanteur un lot de photos de famille.
Elle a brodé à partir de ces clichés une histoire totalement inventée mais tirée de l'observation attentive et intuitive de ces inconnus.
Puis, poussée par la curiosité et par l'attachement à des personnes avec lesquelles elle avait vécu pendant quelques mois, elle a cherché à les rencontrer. Elle y est arrivée et à travers ce qu'ils ont accepté de lui raconter de leur vie, elle a réécrit leur histoire, cette fois, la vraie !
S'était elle beaucoup trompée en suivant son intuition ? S'était elle approchée de la vérité ? Il faut bien sur lire le roman pour le savoir.
Le quotidien et les personnes anonymes fournissent matière aux écrivains qui les transfigurent, on le sait, mais cette expérience, portée par un beau style et une écriture sensible, nous montre que l'être humain offre de nombreuses ressources et développe de belles capacités d'adaptation, en dehors de toute littérature ;o)
Très joli récit.
@@@@@



Mes parents sont dans ma classe de Luc Blanvillain

Ecole des Loisirs, coll. Neuf, 2015, 174 p., 9€
Un petit roman très gai, plein d'humour et de joie de vivre sur une idée déjà vue mais traitée avec originalité.
Fanny, 11 ans, se réveille un matin avec en face d'elle deux adolescents inconnus : ses parents ! Elle a eu tort de se plaindre de la 6e auprès d'eux : ils ont juré leurs grands dieux qu'ils adoreraient être à sa place. Et, par magie, leur vœu a été réalisé !
Au quotidien, que donne cette situation invraisemblable ? Ses parents décident d'aller au collège (son père connait le proviseur, cela facilite la chose) et ils sont même dans la classe de Fanny : l'horreur intégrale ! En tant que "cousins venus des îles".
Heureux dans un premier temps de redécouvrir le monde du collège, y apportant leur expérience et leur savoir, récoltant l'admiration des ados, les parents finissent par avoir envie de retrouver leur travail et leurs responsabilités. Quant aux grands parents, ils sont ravis du début à la fin de l'aventure, retrouvant leur jeunesse.
La vie des ados se déroule au rythme du collège mais aussi des idylles et des relations sociales. Tout ne sera pas simple à gérer pour Fanny ... Mais finalement, ses (petits) parents seront toujours là pour elle, l'aideront et lui permettront de mieux comprendre certains enfants.
Très joli récit. Un style qui rappelle les grands, S.Morgenstern, M.A Murail, A. Desarthe entre autres.
A recommander sans modération, dès la 6e.
@@@@@

mardi 5 janvier 2016

La roche qui voulait voyager de Nono Granero et Géraldine Alibeu

Texte Nono Granero et illustrations G. Alibeu, Ed. Hong Fei, 2015, 14,20€
Plus difficile que La ballade de Mulan, La roche qui .... est un pur conte philosophique et s'adresse à des enfants déjà un peu plus grands, me semble-t-il.
Une énorme roche a le désir profond de voyager alors que tout le monde la croit insensible et inerte.
Se mettant à parler, elle tente de convaincre un géologue au cœur dur qui finit par la casser à coups de masse las d'entendre sa complainte ... ce faisant, il la réduit en poudre, poudre qui s'envole et lui permet de voyager. Son vœu est enfin exaucé !
Ne pas se fier aux idées préconçues, aux représentations admises par tout le monde et suivre sa propre idée quand on a un projet. La balade de Mulan, édité chez Hong Feï aussi, développait également ce thème.
Des illustrations toujours très stylisées, aux couleurs douces et un texte clair.
Une belle leçon de vie.
@@@@@

Premier matin de Fleur Oury

Editions Les fourmis rouges, 2015, n.p., 14€
Qui n'a jamais eu le cœur serré, la boule au ventre avant la rentrée des classes ? Le temps des vacances d'été, on a oublié les copains, la cour qui parait immense, les maitres et les maitresses, les règles de vie collective. Comme il est difficile d'abandonner le cocon familial pour reprendre le chemin de l'école ! Ce bel album facilitera les choses en explicitant les peurs et les sentiments mitigés qu'éprouvent certains tout petits. En les rassurant aussi, grâce aux illustrations tendres, aux couleurs douces. Entièrement dessiné aux feutres, l'ensemble, où domine un environnement verdoyant et fleuri, exerce un effet très apaisant que la stature protectrice de Maman ou Papa Ours (on ne sait pas) accentue.
Petit Ours ne veut pas se lever pour aller à l'école et Papa (ou Maman) Ours lui raconte les activités passionnantes qui l'attendent, les jeux avec les copains, les moments de fatigue mais aussi les progrès. Car Petit Ours va grandir ...
Indispensable pour les tout petits. Passe très bien en lecture de groupe à voix haute.
@@@@@
 

Petit piment d'Alain Mabankou

Seuil, coll. Fiction et Cie, 2015, 273 p., 18,50€
Petite déception pour ce roman dont j'attendais surement trop.
Ayant pris beaucoup de plaisir à lire "Verre Cassé" et "Mémoires de porc-épic", je n'en ai pas retrouvé l'intensité qui m'avait charmée.
Bien sûr, la lecture est agréable, bien sur on retrouve les grands thèmes de Mabankou : le Congo son pays, avec sa misère, la corruption des hommes politiques, leur bêtise mâtinée de ruse, l'exploitation des femmes, la croyance dans les esprits, les superstitions ... Mais alors qu'on riait de sa logorrhée verbale, de cette façon bien à lui de retranscrire la langue des congolais, de se moquer des travers des petites gens avec tendresse, le roman reste ici trop sage. Où est passé le petit souffle de fantaisie, de folie qui animait ses personnages ? Absent du texte, est-il allé se nicher tout entier dans le titre du
 roman ?
@@@@@
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   

La terre qui penche de Carole Martinez

Carole Martinez est une conteuse, elle nous entraîne dans son monde, celui du Moyen Age, des abruptes vignes du Jura (cette "terre qui penche"), des bords de la Loue. Sous sa plume, ils prennent vie et deviennent des personnages que le merveilleux transfigure.
Le père de Blanche, 11 ans, scelle son destin : elle sera mariée rapidement, pour éviter que le diable ne s'empare de son âme car une fille qui veut apprendre à lire, une fille intelligente et volontaire devient la proie du mal. Forcément.
En arrivant chez son futur mari, au domaine des Murmures, elle découvre un simple d'esprit. Mais sa nouvelle famille la surprend et elle va passer avec elle les meilleurs jours de sa courte vie ...
Deux voix content ce destin de femme, la vieille âme et la petite fille, voisines de sépulture, donnant chair aux sentiments, aux indignations, au désespoir, à  la joie. Un très beau texte, léger par la forme et profond par le sens, très construit, dans lequel il faut se laisser immerger doucement.
En creux, l'absence de la mère dessine le rôle central des femmes non seulement dans la société mais aussi dans l'évolution des êtres vivants, dans leur psychologie, dans leur développement.
On pourrait analyser la galerie des personnages qui présente les archétypes humains, ses monstres et ses héros, de l'ogre mangeur de petites filles à celui qui devient un vrai père et découvre l'amour. On pourrait analyser le rôle de l'eau et de la rivière Loue mais ce serait gâcher de vrais moments poétiques, alors restons dans les émotions et régalons nous de cette fresque si vivante !
@@@@@