trad. Isabelle Reinharez, 568 p., 2005, livre de poche, 7,50€
Incontestablement un très beau roman à côté duquel il ne faut pas passer si vous aimez l'histoire !
Louise Erdrich, comme son nom l'indique, est d'origine allemande par son père mais aussi d'origine indienne (mère Ojibwa). Pour construire ses personnages, elle s'est inspirée de son histoire familiale. Un de ses grands-pères, a combattu du côté allemand en 14-18 et il a ensuite émigré aux USA. Ses fils se sont battus du côté américain lors de la seconde guerre mondiale ... peut être contre des
parents, comme Fidélis un de ses héros.
Ce roman nous raconte des vies compliquées qui prennent aux tripes à la lecture. Rien n'est simple pour ces personnes qui s'usent au travail et cherchent à trouver un équilibre dans leur vie. Sans jamais renoncer, ils surmontent les traumatismes de la guerre ou le poids des conventions, le manque d'affection ou le désir de pouvoir de certains ...
Delphine, personnage central du roman, fille d'alcoolique, cherche désespérément à mieux connaitre sa mère, morte quand elle était toute jeune et dont son père refuse obstinément de lui révéler l'identité. Elle déploie toute son énergie à construire le foyer affectueux qu'elle n'a jamais eu ...
Fidélis, tireur d'élite allemand pendant la guerre de 14, a émigré aux usa pour y travailler comme maître boucher et s'est marié avec la femme de son meilleur ami, mort à la guerre dans ses bras.
Cyprian, indien homosexuel, équilibriste de métier, attaché à Delphine, l'aidera à sa façon dans son quotidien.
Clarisse, meilleure amie de Delphine, première femme à embaumer les morts, est harcelée par le shérif Hock, fou amoureux d'elle.
Le roman mêle intimement histoire contemporaine (l'entre deux guerres et l'après-guerre) et destins individuels, symbole et singularité. Un riche instantané de la société américaine et de beaux portraits psychologiques.
Et puis, il y a l'écriture de Louise Erdrich, délicate, imaginative, sensible.
Un coup de cœur pour moi.