Le Llano en flammes de Juan Rulfo

 Trad. G. Iaculli, Gallimard, coll. Du monde entier, 1068 p., 1953/2001, 16€

Le texte magistral de celui qui fut le "père" du roman latino-américain contemporain, texte qui le révéla au grand public, lui le petit archiviste au service de l'immigration à Mexico.

Juan Rulfo n'a publié que 2 textes, Le Llano en flammes, recueil de 17 nouvelles et Pedro Paramo, un court roman. Mutique par la suite, il retourna à ses archives jusqu'à sa mort.

17 bijoux, âpres, durs et  terriblement humains au fil desquels on est révolté par les conditions d'existence misérables faites à ces paysans, sur cette terre si sèche, maudite par le climat. Les pulsions y tiennent lieu de morale, la haine tient lieu de précaution, la cruauté règne. Mais sous cette dureté des êtres point l'espérance, l'amour de la vie et, parfois, on voit fleurir la solidarité, l'entraide, l'amour !

Magnifique !

Coup de cœur, bien sûr.

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L'ami arménien d'Andreï Makine

 Grasset, 2021, 213 p., 18€

Toujours autant de plaisir à lire Andreï Makine !

Finesse d'analyse, délicatesse des descriptions, sensibilité sont au rendez-vous avec l'Histoire, l'Histoire avec un grand H, cette fois-ci l'histoire de l'Arménie et de l'URSS.

Au "Bout du diable" quartier déshérité d'une petite ville de Sibérie, vivent Vardan et sa famille arménienne. Ils sont venus soutenir leurs proches emprisonnés à 5000 km de leur patrie. Le narrateur, endurci par la  vie dans un orphelinat non loin de là, défend le jeune Vardan maladif et délicat que les autres lycéens harcèlent. Ainsi nait leur amitié qui se soudera autour de la famille du jeune arménien, accueillante et riche de l'histoire de son peuple. Et la belle-sœur au charme mystérieux fascinera le narrateur, adolescent sensible ...

Une double nostalgie se dégage de ce magnifique roman, nostalgie des Arméniens pour leur pays natal et nostalgie du narrateur pour son ami disparu et sa famille ...

Un régal à la fin triste mais réaliste.

Quel bonheur de lecture !

Coup de cœur

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Nous sommes l'étincelle de Vincent Villeminot

 Pocket, 2021, 534 p., 8,40€

Prix du roman d'Ecologie

"Trente six ans plus tôt, dégoûtée d'un monde où elle n'avait plus sa place, une partie de la jeunesse a fait sécession. Loin des villes sous surveillance policière, une poignée d'entre eux a choisi la nature, la vie sous les arbres, avec le strict nécessaire. Utopie ? Peut-être ...

Un thème passionnant, une utopie/dystopie originale, au propos politique qui se glisse habilement sous un récit haletant.

A découvrir !

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Là où chantent les écrevisses de Délia Owens

 Trad. Marc Amfreville, Grands romans, Point, Ed. du SEuil, 2020, 8,50€

Caroline du Nord, les marais, dans les années 70 ... 

Kya se retrouve seule après le départ inexpliqué de sa mère puis la disparition de son père alcoolique invétéré. A l'âge de 10 ans, elle doit survivre par elle même, en se débrouillant comme elle peut pour se nourrir, avec la seule aide d'un couple de voisins de couleur qui l'aident comme ils peuvent.

Impossible d'aller à l'école où tout lui est étranger, où l'hostilité des autres enfants l'agresse.

Grâce au jeune Tate qui va lui apprendre à lire et à écrire, l'amour de Kya pour le marais et la nature environnante va se maturer en un savoir unique, éclectique et précis.

La "fille des marais" comme on la surnomme en ville avec mépris, devra se battre pour sa liberté, contre les préjugés et bien peu l'aideront.

 Très beau récit, prenant et passionnant à la fois. Racisme, mépris de classe, inégalités sociales sont évoqués dans le texte et nous replacent dans les années noires de l'Amérique. On peut se demander si les américains en sortiront un jour ...

Encore un coup de cœur !

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Tous les matins je me lève de Jean-Paul Dubois

 Points, Ed. de l'Olivier, 2006, 212 p., 6,90€

Offert par Christiane B.

Je me suis bien poilée en lisant ce petit roman dont le héros assez flegmatique mais plein d'humour se lève tous les jours à midi, surtout pas avant !

Écrivain, il connait comme tous les auteurs le syndrome de la page blanche mais nourrit de son quotidien ses récits excentriques concoctés de nuit. Je ne sais pas si je pourrais supporter un olibrius pareil et c'est aussi ce que finit par se demander sa compagne, à la patience pourtant infinie !

Poilade !

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Les choses humaines de Karine Tuil

 Folio, 2020, 341 p., 8,10€

 Prix Goncourt des lycéens 2019

Prix Interallié 2019

Un roman lourd, lourd, lourd ... Une description au vitriol du machisme au quotidien, de ce mépris des femmes qui amène au viol et à l'abus sexuel sans même s'en rendre compte.

Dur, très dur à lire, oppressant même par moment, mais tellement près de la réalité, il décrit bien la complexité des situations, des intentions, des sentiments des hommes et des femmes. Un Goncourt des lycéens largement mérité !

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Nous sommes Bob, nous sommes légion de Dennis E. Taylor

Trad. Sébastien Baert, LDP, 2018, 8,70€

Une histoire compliquée, mais compliquée ! Je m'y suis perdue 20 fois, j'ai confondu les Bob 30 fois, perdu le fil du récit 40 fois ... mais j'ai quand même fini le récit parce que, parce que, parce que ... Je ne sais pas exactement pourquoi, peut-être pour son humour, pour son inventivité, ses clins d’œil à la SF. Incapable de vous résumer l'histoire, vous devrez lire la 4e de couverture pour en savoir plus !

Bref, à lire pour les fans de SF surtout mais un texte de qualité sûrement.

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El club de las chicas temerarias d'Alisa Valdès-Rodriguez

Trad. Maria Ramirez, Ed. Seis Barral, 2005, 434 p., 11€

Un récit en espagnol, niveau de langue du quotidien, parfait pour apprendre ou réviser du vocabulaire courant et rafraichir les connaissances en syntaxe. Ce n'est pas un chef d’œuvre, pas un texte littéraire mais il divertit et entretient les connaissances de façon agréable, surtout lorsqu'on est confiné à cause d'un virus inconnu contre lequel on ne sait pas encore se défendre ;o)

Et puis, pour pimenter la lecture, il s'agit de femmes, de femmes indépendantes ou qui vont le devenir au fil du récit. Le féminisme rode au long des pages, de même qu'une critique au vitriol des représentations américaines de ce que sont les femmes originaires d'Amérique latine. Quelques idées toutes faites battues en brèche, ça fait plaisir tout de même !

Merci à Hélène qui me l'a prêté et ne s'est pas trompée.

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Sémi d'Aki Shimazaki

 Actes Sud, 2021, 150 p., 15€

Quand Fujiko a commencé à développer des symptômes d'Alzheimer, Tetsuo, son mari, a pris la décision d'aller vivre avec elle en maison de retraite.

Quelques temps après, un matin, Fujiko ayant oublié qu'ils sont mariés, pense qu'ils ne sont que fiancés.

Quarante ans plus tôt, un mariage arrangé par leurs parents, un "miaï", les a unis et, selon lui, leur vie de couple et de famille s'est déroulée sans histoire.

Pas selon Fujiko. Tetsuo va devoir reconquérir l'amour de sa femme ...

Très joli petit roman, délicat comme toujours chez Aki Shimazaki où la simplicité du style et du propos n'est qu'apparente ... Émotion au rendez vous. 

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