Bienvenue à tous ceux qui aiment lire ...

Lire, pour moi, c'est échapper au quotidien tout en restant proche des hommes et de leurs réalités ...

dimanche 15 mai 2011

Jeanne de Jacqueline de Romilly

Editions de Fallois, 2011, 248 p., 18€
En 1977, l'année suivant la mort de sa mère, Jacqueline de Romilly écrit cet hommage vibrant, sous la forme d'un recueil de souvenirs et de réflexions empreints de tendresse et d'affection.
Quand son père meurt au front, dès les premiers jours de la guerre (1914-1918), Jacqueline n'a qu'un an et demi. Jeanne fait alors de sa fille la priorité de toute une vie, sacrifiant souvent ses désirs personnels mais sachant cependant s'épanouir dans l'indépendance et le choix d'activités intellectuelles.
Jeanne déploie toute son énergie, son ingéniosité et son intelligence pour que sa fille ne souffre jamais de la mort de son père ; elle trouve du travail dans une période difficile, en change quand il le faut, assume leur quotidien à toutes deux, bricole, économise, écrit des contes, des romans, des pièces de théâtre, des pièces radiophoniques, apprend à conduire, épaule sa fille dans ses études, l’emmène au théâtre, au concert, à l'opéra  ... Quand viendra la seconde guerre mondiale, elle aidera sa fille (de père juif) et son gendre (de parents juifs) à se cacher grâce à ses relations. Au passage, j'ai été étonnée de voir que J.de R. néglige de mentionner combien l'appartenance à une classe sociale très aisée (par son mari) facilite leur fuite perpétuelle, des amis fortunés leur offrant des refuges isolés et surs.
Au fil de ce récit à la fraîcheur autobiographique, Jacqueline de Romilly, pleine d'admiration et de reconnaissance pour une mère à la ténacité et à la bonne humeur inébranlables, se livre beaucoup au lecteur et il n'est pas étonnant qu'elle ait demandé à son éditeur de ne le publier qu'après sa mort, en 2010.
Elle s'interroge parfois : pourquoi sait elle si peu de choses sur les choix de sa mère, sur son enfance, sur ce qui fut important pour cette femme exceptionnelle ... C'est que Jeanne n'était là que pour elle, pour l'aider, se dévouant sans cesse : Jacqueline réalise combien elle fut aimée sans même s'en rendre compte !
Et si Jeanne nous parait parfois conventionnelle et bourgeoise, J. de R. nous rappelle que les points de vue changent avec l'évolution de la société et qu'il faut se garder de juger hâtivement !
Un émouvant portrait de femme, à une époque où il n'était pas facile de vivre seule et indépendante, une époque où il n'était pas facile de vivre tout court !
Écrit dans un très beau style, sensible et simple. Sans doute le livre le plus accessible de cette spécialiste de la Grèce Antique qui fut membre de l'Académie Française et la première femme professeure du Collège de France.
Le parfait cadeau de fête des mères, si ça fait parti de vos habitudes familiales ;o)
Merci à Asphodèle, elle m'a permis de découvrir cette auteure grâce à son article qui a su piquer ma
curiosité !
@@@@@






                                                                           

4 commentaires:

  1. Excusez-moi les filles de ce silence !! Je suis à la traîne et à la peine en ce moment... Mais que vois-je, ce livre que je convoite depuis trois mois ??? Je suis contente qu'il vous ait plu, ce n'est pas Alcibiade non plus et je voulais avoir un peu plus de la sensibilité de cette femme qui se montrait toujours inébranlable !! Beau billet...et merci !!^^

    RépondreSupprimer
  2. Tu es toute excusée, moi aussi je suis à la traîne, mais alors de façon largement
    générale ... Il n'y a que pendant les vacances que ça roule à peu près !
    J'ai prêté Jeanne à ma lectrice de mère qui a adoré, surtout pour la délicatesse des sentiments mais qui a remarqué un côté trop fusionnel dans cette relation mère-fille ;o)

    RépondreSupprimer
  3. Il fallait s'y attendre à ce côté fusionnel puisqu'elle l'a élevée seule ! Je le lirai malgré tout !!^^

    RépondreSupprimer
  4. Voilà l'avis d'Annie, une grande lectrice, une mère adorable aussi ;o)
    "Un livre original, bien écrit, présentant 2 femmes hors du commun dont la vie est rendue symbiotique par les évènements, fusionnelles sur le plan affectif (quoique sans démonstration étouffante) et jamais directives (l'indépendance de chacune étant respectée).
    Voilà une mère aimante, protectrice mais libérale, une mère comme il y en a trop peu et J.de R. sait nous le faire comprendre avec une immense admiration mais aussi une certaine pudeur."

    RépondreSupprimer