Bienvenue à tous ceux qui aiment lire ...

Lire, pour moi, c'est échapper au quotidien tout en restant proche des hommes et de leurs réalités ...

dimanche 8 septembre 2024

Roman fleuve de Philibert Humm

Folio, 2022, 294 p.

 Trois gaillards décident de partir à l'aventure, de larguer les amarres et rompre avec la civilisation et le confort ... en remontant la Seine (polluée) en canoë ! Un seul canoë pour trois, avec leurs mini bagages !

Ils sont tous les 3 flemmards, autocentrés, infatués d'eux mêmes, illogiques et adorent le (bon) vin. Dès lors, tout devient compliqué et les rencontres s'enchaînent au gré des péripéties qui viennent pimenter l'aventure. 

La première partie m'a paru parfois un peu longue mais le récit devient poilant quand un des personnages part en live et délire complètement ce qui arrive régulièrement dès le deuxième tiers du livre.

J'ai adoré la séance de pêche au silure in door, un grand moment !

Pour passer un moment amusant. Je mets 3 @ parce qu'il est très difficile de trouver des romans qui font sourire ou rire ! Je pense à Molière qui s'escrimait à écrire des pièces comiques pour faire rire ses contemporains, chapeau !

Prix Interallié 2022

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Roman fleuve


Ru de Kim Thuy

 Très beau témoignage d'une boat people vietnamienne, issue d'une famille très aisée du Sud Vietnam. Largement autobiographique, l'auteure évoque par bribes son arrivée au Québec, l'accueil reçu, son adaptation, les conditions de vie de sa famille au Vietnam et au Québec, ses souvenirs d'enfance et sa vie présente.


Hormis le témoignage parfois poignant, j'ai été interpelée par l'importance des objets dans le récit. Pour Kim Thuy, ils sont investis d une signification qui dépasse leur simple définition, ils renvoient directement à notre vécu, parfois à un évènement particulier ou une personne qui rend leur signification totalement personnelle. En lisant sa façon de percevoir les objets, j'ai réalisé que je fonctionnais aussi ainsi. Pour moi, la blanquette restera toujours et seulement le plat préféré d Annie, les églises romanes celles qu elle préférait, la boule à neige un objet qu elle aimait particulièrement. Ce faisant, ces choses là représentent pour moi ma mère, elles restent un peu elle. Et tout ce que j'ai gardé de chez elle et qu'elle aimait, c'est encore elle. Tout ce qui me reste de celle que j'ai aimée et que j'aime encore tant.
J ai découvert un rôle, une fonction des objets que j avais jusque là complétement (et volontairement ?) ignorée, moi qui ne suis pas collectionneuse, qui ne m'attachait pas aux choses "parce qu'on ne fait que passer". Me voilà changée. Définitivement.
J essaie de le dire aux enfants mais ils sont trop jeunes pour réaliser qu'un jour, peut-être, ils auront besoin, comme moi, de garder un lien avec ceux qu'ils aiment et qui sont partis.

Un coup de coeur que je dois à mon amie Ghislaine, ma conseillère en lecture qui  a quitté ce monde en octobre de cette année 2024 et avec laquelle ce livre, comme d'autres, me relie !

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 Ru - Livre d'occasion de Kim Thuy

samedi 7 septembre 2024

Ne m'oublie pas d'Alix Garin

 Ed. Le Lombard, 2021, 224 p., 24€

La grand-mère de Clémence a la maladie d'Alzheimer et se morfond en maison de retraite. Situation sans solution pour sa fille, la mère de Clémence, que son travail absorbe à temps plein. 

Pourtant, un jour, Clémence décide d'emmener Marie-Louise en voiture jusqu'à sa maison d'enfance, au bord de l'océan ... Un road trip semé d'embûches mais également de moments pleins de douceur et d'affection.

Une très belle BD, tant sur la forme, la douceur du trait et des couleurs que sur le fond. Les situations rendent parfaitement la lente dégénérescence de Marie-Louise, la perte de notion du temps, les obsessions, les troubles du comportement mais aussi les brusques moments de lucidité pleins d'angoisse. Et il y a cette merveilleuse relation grand-mère/petite-fille, toujours empreinte d'une grande affection, les tendres souvenirs d'enfance de Clémence en toile de fond.

Les dernières pages sont bouleversantes et l'émotion submerge le lecteur. Une lecture inoubliable mais à réserver à un moment où la tristesse ne nous fait pas peur car elle est bien là, tout au long de cette magnifique BD.

A lire absolument, un bijou ! 

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 Ne m'oublie pas - Garin Alix, Garin Alix - Livres - Amazon.fr

 


La petite-fille de Bernard Schlink

Trad. Bernard Lortholary, Gallimard, nrf, 2023, 23€

A la mort de son épouse Birgit, Kaspar découvre un pan de sa vie qu'il avait toujours ignoré : avant de fuir de RDA pour passer à l'Ouest en 1965, Birgit avait abandonné un bébé à la naissance.

Intrigué, Kaspar laisse momentanément sa librairie et part à la recherche de cette belle-fille inconnue. Son enquête le mène à Svenja qui, restée en Allemagne de l'Est, a épousé un néo-nazi et élevé dans cette doctrine sa fille Sigrun.

Kaspar prend contact avec cette famille et souhaite s'occuper de Sigrun pour la détourner des idées racistes et complotistes de ses parents ... 

Pas de coup de coeur pour ce roman où j'ai peiné à m'identifier et à Birgit et au pauvre Kaspar. Pour moi, il se dégage une certaine froideur de ce récit sans que je sache bien en identifier les raisons, peut être ai-je eu tout simplement le sentiment d'une immense solitude de chacun des personnages.

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La petite fille » de Bernhard Schlink par Anne de la Librairie Lajarrige à  la Baule - ALIP

L'arbre aux haricots de Barbara Kingsolver

Trad. Martine Aubert (coll. A.M Augistyniak), Rivages, 1997 (éd originale USA 1988)

Un classique de la littérature américaine contemporaine. 

Ce livre est une sorte de road trip féminin, depuis le Kentucky jusqu'à Tucson, en Arizona. Taylor Greer, 18 ans, décide de quitter la maison de sa mère avec qui elle a une relation fusionnelle et/mais excellente. N'ayant pas froid aux yeux et après avoir exercé des petits boulots, elle refuse de finir sa vie dans ce qu'elle considère comme un trou perdu. A bord d'une vieille voiture achetée avec ses maigres économies, elle décide de parcourir le pays en passant accessoirement dans le territoire de ses ancêtres indiens. Les rencontres qu'elle va faire sont bien différentes de ce à quoi elle s'attendait... la première étant cette indienne désespérée qui lui confie un bébé sans lui donner aucune explication puisqu'elle le lui laisse dans sa voiture alors qu'elle est allée acheter à manger dans un bar.

Cette rencontre bouleverse sa vie ...
Tous les personnages sont attachants et on découvre la vie de gens pauvres, de migrants et de bien d'autres encore mais sans aucun misérabilisme, l'espoir est toujours là, la débrouille et l'indignation contre l'injustice aussi, le racisme, le machisme et l'exploitation. 

Une très belle lecture au style simple et émouvant, coup de cœur !

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 L'arbre Aux Haricots

Vivre vite de Brigitte Giraud

Ed. Flammarion, 2022, 205 p., 20€

L'auteure revient sur le décès brutal de son compagnon dans un accident de moto, les circonstances et l'après.

 J ai trouvé dans ce roman tout ce que j ai moi même fait après le décès d'Annie, ma mère, afin de garder la tête hors de l eau, pour cohabiter avec mon énorme chagrin.

D'abord les si :
- si je n avais pas insisté auprès du Dr Petit pour éviter qu Annie soit renvoyée chez elle avec des soins palliatifs
- si j avais pris rdv pour l'IRM que la radiologue avait prescrit au mois d août, sans demander à Annie ce qu'elle en pensait et si elle voulait le passer
- si je n avais pas laissé le silencieux sur mon portable la nuit suivant sa 2e intervention, au petit matin l'hôpital m'a appelée et je n'ai pas entendu l'appel. Je suis arrivée trop tard ...
Etc.
- Puis chercher partout des signes, des choses qui me reliaient à elle.
- Donner du sens à des coïncidences, le résultat de hasards et les interpréter comme des signes qu'elle m' envoyait
- Garder des objets qu elle aimait. J'ai dans mon salon, sa boule turquoise, son coquillage nacré, son miroir de sorcière, ses bouteilles marseillaises à coktails, le petit hippopotame que je lui avais rapporté de Paris, sa table basse, son plateau marocain ... tous ces objets me la rappellent.
- J ai eu autant de chagrin que l auteure à la vente du Trayas, la maison qu Annie aimait tant et qui recelait tant de souvenirs d'elle, cette maison qui me reliait encore à elle par les rappels du temps que nous y avions passé ensemble. "J'aurais aimé revoir ma maison" m'a-t-elle dit pendant ses derniers jours à l'hôpital.
- J ai ressenti cette infinie détresse qu'a fait naître le sentiment d'avoir perdu à tout jamais un amour unique. Ma promesse de l'aube.
- Et, pour finir, j ai constaté que l'oubli finissait par gagner du terrain, inexorablement, contre ma volonté. Pour me permettre de penser aux vivants j'ai dû mettre mon chagrin au second plan et oublier un peu ma mère bien aimée ...
Pour tout cela, j ai beaucoup aimé ce récit qui m'a bouleversée et m'a tenue dans l'émotion plusieurs jours après avoir achevé sa lecture.

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 Vivre vite

Misericordia de Lidia Jorge

 Trad Elisabeth Monteiro Rodrigues, Ed Métailié, 2023, 412 p., 22€50

Un récit magnifique ! L. Jorge part des enregistrements audio réalisés par sa propre mère, entre le 18 avril 2019 et le 19 avril 2020, alors qu'elle passait la dernière année de sa vie en EHPAD. Elle nous laisse découvrir une personnalité hors du commun, cultivée mais aussi exigeante, pleine de dignité et à la force d'âme exceptionnelle. 

Bien que diminuée physiquement, bien que dépendante pour tout, Alberti comme elle se fait appeler (ou Dona Alberti) enregistre régulièrement son journal intime, continue à s'intéresser à ceux qui l'entourent, cultive sa mémoire, se bat pour ce qu'elle croit juste, apprécie les petits plaisirs de la vie en gardant son humour : un concert de piano, un chant choral, un bon petit repas, la visite de sa fille, les histoires d'amour entre résidents ... Parfois elle doit se battre contre elle même et ses baisses de moral, contre son caractère indomptable et têtu. Ce faisant, elle porte toujours un regard bienveillant sur celles et ceux qui l'entourent, personnel de "l'hôtel Paradis" (ehpad situé au Portugal), résidents, visiteurs et les réconforte quand elle le peut.

Un livre qui m'a aidé à mieux comprendre ma belle-mère, actuellement en EHPAD, grâce aux mille détails donnés sur la perception du quotidien par Alberti. Et j'ai compris qu'il faut bien lui expliquer où l'on va et ce que l'on fait avant de bouger le fauteuil roulant, ne pas lui parler comme à une demeurée car si elle ne peut plus exprimer sa pensée, elle comprend encore (si elle entend suffisamment) et peut encore avoir son avis sur les choses.

Un livre très écrit, au style imagé et où l'humour pointe souvent malgré un sujet difficile. J'ai découvert un grand auteur !

Coup de cœur !

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