Trad Sylviane Rué, Pavillons poche, Robert Laffont, 1987 /2017
Devant la chute impressionnante de la fécondité due à la pollution de l'environnement, une secte religieuse prend le pouvoir dans un état américain et instaure la "République de Gilead" ... qui n'a plus rien d'une république !
Interdiction de travailler pour les femmes, perte de leurs comptes en banque, dépendance totale aux hommes et priorité à la procréation pour celles qui sont encore fécondes. Voilà le prix à payer pour le sexe féminin, victime éternelle des situations de crise. Qu'on se rappelle la citation de Simone de Beauvoir : "N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les
droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant."
June qui a une petite fille de 4 ans essaie de s'enfuir, avec son mari. Mais ils sont interceptés et séparés lorsqu'ils essaient de passer dans l'état voisin.
June est féconde et son parcours commence dans un centre de rééducation où Lydia, la directrice, dresse les femmes à l'obéissance et prêche la bonne parole à coup de taser. Leur rôle se borne à procréer, quand elles le peuvent, et elles doivent se destiner uniquement à cela, tant qu'elles sont en âge.
Celles qui sont stériles ou trop âgées, servent comme employées de maison ou aux basses besognes.
Puis June se voit mise à disposition d'un haut dignitaire du régime, un général dont la femme est stérile. Rebaptisée Defred, du prénom du général, Fred, elle est soumise à la loi de ce couple et chaque mois, en période de fécondité, a un rapport sexuel codifié, en présence de l'épouse.
Tout un programme, ici on n'a d'activité sexuelle que pour procréer, oubliés l'amour, le désir, la liberté de choisir ... Retour à la case départ, la case de la femme soumise par la religion.
Mais au fond d'elle, June résiste, de toutes ses forces et elle n'est pas seule.
Le roman prend la forme d'un journal où l'héroïne raconte son quotidien, où elle se remémore le passé sous forme de flash backs, où elle fait part de sa réflexion, de son analyse de la situation.
Margaret Atwood n'a rien inventé : le système répressif mis en place dans la république de Gilead est directement inspiré de ce qui se passe dans le monde, actuellement et c'est bien ce qui est glaçant, ce réalisme qui à chaque page nous évoque ce que nous connaissons déjà ...
Ce roman a donné lieu à une adaptation en série, avec pour interprète principale Elisabeth Moss, remarquable. Très proche du roman, la série est fascinante.
A lire absolument
Un coup de cœur !
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