Gallimard, folio, 281 p., 5€45
Premier roman de Romain Gary, Éducation européenne est paru en 1945, il l'a écrit en Angleterre alors qu'il faisait partie du groupe d'aviateurs résistants "Lorraine".
Il y a un souffle épique dans ce roman qui montre sans fioriture la vie quotidienne dans le maquis polonais où les résistants souffrent du froid, de la faim, de la peur mais gardent leur idéal de liberté et de fraternité comme ils peuvent.
Janek, fils d'un médecin polonais, est caché dans la forêt par son père qui veut le protéger des allemands. Dans une fosse sous terre avec, pour survivre, un gros sac de patates, les jours passent lentement. Son père ne revenant pas, Janek doit sortir et, suivant ses recommandations, rejoindre les résistants ... Il va passer de l'adolescence à l'âge adulte en compagnie d'un groupe d'hommes très différents mais unis par leur volonté de dignité et de liberté. Comme dans "les racines du ciel", on trouve dans le roman une mosaïque de personnages qui en fait la richesse : les collaborateurs, les soumis, les dénonciateurs mais aussi les héros, les courageux, les généreux qui ne sont pas exempts de défauts.
Il y a ceux qui, dans les épreuves, puisent du courage dans la création littéraire ou musicale et dans le partage. Ceux qui gardent leur dignité en alimentant la rumeurs des exploits du "Partisan Nadejda", ce résistant imaginaire et donc insaisissable qui tient tête à l'occupant et lui mène la vie dure, ceux qui sont totalement dans l'action ...
Il y a de très beaux passages dans Éducation européenne, pourtant, je dois reconnaitre que je n'ai pas accroché vraiment et je le regrette. D'abord, les longs passages où un jeune résistant poète et écrivain lit ses œuvres à ses camarades m'ont paru trop théâtraux et je n'y ai pas été sensible. Certaines descriptions m'ont semblé un peu longues aussi.
Mais attention ! Chez R.G la générosité et la confiance désenchantée en l'homme, présentes au fil de tous ses romans, me donnent l'impression que je retrouve, chaque fois, un ami profondément humain et qui ne me déçoit pas. L'émotion m'étreint toujours ! Voilà pourquoi il faut quand même lire Education européenne.
Dégustez ce court extrait, dialogue entre deux résistants :
"- Tu aimes les Russes, toi ?
- J'aime tous les peuples, dit Dobransky, mais je n'aime aucune nation. Je suis patriote, je ne suis pas nationaliste.
- Quelle est la différence ?
- Le patriotisme, c'est l'amour des siens. Le nationalisme, c'est la haine des autres ..."
Leçon d'humanité, à méditer en ces temps troublés !
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