Bienvenue à tous ceux qui aiment lire ...

Lire, pour moi, c'est échapper au quotidien tout en restant proche des hommes et de leurs réalités ...

vendredi 30 décembre 2011

Beatus Ille d'Antonio Muñoz Molina

Points, 1989, trad. Jean-Marie Saint-Lu, 388 p., 7,50€
Un jeune étudiant, Minaya, découvre le manuscrit d'un certain Jacinto Solana, tué par les franquistes en 1947. Fasciné par l'écrivain et obligé de s'éloigner de Madrid (il vient de faire un séjour dans les geôles franquistes suite à une manifestation d'étudiants), il s'installe chez son oncle, Manuel, qui fut l'ami de Solana et essaie de reconstituer la personnalité et le destin du poète. Plus il interroge les survivants de la guerre civile, plus il découvre de documents et plus le personnage de Solana devient complexe, profond. Son entourage révèle des faiblesses, des tourments et des lâchetés que tous aimeraient oublier. Les énigmes s'accumulent ...
Beau roman à la construction très travaillée. J'ai eu du mal à entrer dans cette lecture ; d'abord parce que le style aux phrases longues et compliquées, parfois poétique, m'a souvent obligée à relire pour comprendre ; ensuite parce que la plupart des personnages sont torturés, malheureux et, au final, misérables qu'ils soient d'un bord ou de l'autre. Et pour finir, parce que la période de la guerre civile et du franquisme est terrible et que le roman montre parfaitement comment les destins individuels sont broyés.
Cependant ...  la fin, magnifique ode à la création littéraire et à la littérature redonne des ailes ! Merci à toi Stéphanie, qui me l'a offert.
Honnêtement, je pense que je suis un peu passée à côté du roman. Parce qu'il y a des moments où je suis plus ou moins réceptive à une ambiance, à un style, à certains personnages ... Ma période actuelle exige de l'optimisme, de l'énergie et des personnages positifs ... Allez, c'est décidé, je vais faire un tour du côté de la littérature jeunesse, quand on est addict, on est addict ;o)
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dimanche 4 décembre 2011

Voix endormies de Dulce Chacon

Plon, 2004, 394 p., 21€
Lors de sa publication en 2002, le roman de Dulce Chacon a reçu le prix du Livre de l'année en Espagne. Une reconnaissance bien méritée car, tout comme Almudena Grandes pour "le coeur glacé", l'auteure a écouté de nombreux témoignages pour écrire un roman empreint d'un réalisme et d'une intensité profondément émouvants.
En 1939, se retrouvent dans la prison de Ventas, à Madrid, des femmes incarcérées pour délit politique : elles se sont battues du côté des républicains, elles ont eu le seul tort d'avoir des membres de leur famille enrôlés dans la guerilla, elles sont des militantes du parti communiste, elles ont eu un geste considéré comme hostile par les phalangistes ... Certaines ont été brutalisées lors des interrogatoires, toutes connaissent la faim, le froid, les humiliations de la part des gardiennes et n'ont droit aux visites de leur famille qu'une fois par an. Elles vont rester emprisonnées pour de longues années. Mais elles se battent pour garder leur dignité en développant une solidarité active entre elles, en partageant le peu qu'elles ont et en essayant de garder espoir. Espoir que les alliés, une fois la guerre contre les allemands gagnée, viendront chasser le dictateur Franco du pouvoir et qu'ils les aideront à réinstaurer la république et la démocratie.
On sait combien les espagnols progressistes seront déçus puisque les alliés ne lèveront pas le petit doigt pour eux !
De beaux portraits de femmes, un texte vivant et qui donne une idée précise de la violence avec laquelle s'est exercée la dictature franquiste.
Tu as bien fait, Marie, de me le conseiller ! Je viens de le prêter à mon professeur d'espagnol !
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vendredi 11 novembre 2011

Pétition contre l'augmentation de la TVA sur le livre ...

Le texte pourrait être plus précis et plus clair mais la cause est juste ! Bougeons !
signer là

lundi 17 octobre 2011

Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine De Vigan

JC Lattès, 2011, 19€, 436p.
La lecture du roman m'a laissée sans voix. J'étais muette d'émotion, au sens propre et je le suis restée. Au moment d'écrire ma critique, il me semble que tout ce que je pourrai dire sera en deçà de la force qui s'en dégage.
Ce récit autobiographique raconte la vie de la mère de Delphine De V., Lucile, en s'appuyant sur les témoignages des proches, les écrits de Lucile elle-même, les souvenirs de l'auteur et de sa sœur. L'enfance de Lucile, la famille très nombreuse dont elle était la 3eme, son entourage proche, ses descentes dans l'enfer du syndrome maniaco-dépressif, ses amours, sa relation avec ses deux filles sont relatés chronologiquement. Mais D. de V. y a imprimé tellement plus ! En dévoilant incroyablement ses sentiments, ses réflexions, ses désarrois pour essayer désespérément de comprendre sa mère, elle dépasse largement le cadre de la vie de famille déjà subtilement décrite, elle nous montre le chemin qu'elle a du parcourir jusqu'à devenir capable d'accepter sa mère telle qu'elle était. Chemin bien long qui s'achève par la reconnaissance du courage qu'il fallut à Lucile pour se suicider alors qu'elle se savait malade et perdue.
Sans jamais se départir de l'immense amour qu'elle avait pour sa mère, avec beaucoup de dignité, elle montre aussi ce besoin d'écrire qui s'impose, cette impérieuse nécessité avec laquelle l'auteur doit composer pour pouvoir continuer à vivre.
Magnifique roman, profondément émouvant, d'une belle écriture, simple et profonde, tellement sincère qu'elle est, en soi, un hymne à l'écriture et à la vie.
Un prix FNAC plus que mérité !
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lundi 3 octobre 2011

Sublutetia, la révolte de Hutan d'Eric Senabre

Didier Jeunesse, 2011, 281 p., 14€, ill. Rémi Saillard
Un souffle frais et délicat baigne cette lecture ! Un vrai bonheur, je me suis régalée ;o)
D'abord l'histoire : lors d'une sortie scolaire deux adolescents, Nathan et Keren, se trouvent séparés du reste de leur classe, dans le métro. Par hasard, ils découvrent un monde souterrain totalement inconnu de
l'extérieur. Une micro-société basée sur l'égalité, l'échange et le respect, que ses habitants ont délibérément choisi d'habiter et pour laquelle ils ont renoncé à la surface. Mais une personne avide de pouvoir suffit  pour mettre cette belle "utopie" en danger ...
Ce roman se lit d'un trait, difficile de le poser. Son optimisme, son rythme soutenu, les nombreux rebondissements, les valeurs défendues et l'absence de manichéisme redonnent du peps au lecteur ! C'est une cure de bonne humeur, une vraie thérapie. En prime, une petite histoire d'amour et la quête du père ...  Le style alterne habilement dialogues et descriptions (celles du ciel intérieur sont parfois poétiques) ou réflexion.
J'ai beaucoup aimé les détails techniques  mais jamais ennuyeux sur le métro, dus, selon l'auteur, à la lecture de "Métro insolite", un ouvrage "espiègle" sur le sujet.

L'auteur anime un joli site qui fourmille d'informations intéressantes : http://www.sublutetia.com/

Tous les ingrédients sont réunis pour plaire aux ados de collège (mais pas qu'à eux), dès la 5e pour les bons lecteurs.
Le roman sort en librairie le 19 octobre ...
A avoir en CDI sans hésitation, le tome 2 est en préparation.
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