Trad. Elsa Damien, Gallimard, coll. du monde entier, 549 p., 2018, 23,50€
Un récit qui continue d'embarquer le lecteur. Je me suis demandée pourquoi je dévorais avec autant de plaisir cette saga ...
Bien sur, Naples et le contexte politique et social de l'Italie constituent une riche toile de fond. Les personnages se sont tous engagés à un moment de leur vie et offrent un panel complet des courants politiques, de l'extrême droite à l'extrême gauche terroriste des années 70.
Leur engagement a modifié le cours de leur vie et parfois aussi celui de leur famille et de leurs amis.
Il y a ceux qui s'en sont sortis, restant fidèles à leurs idéaux de jeunesse ou les ayant trahis par intérêt financier ou désir de pouvoir. Il y a ceux qui ont tout sacrifié, au prix de leur vie ou de leur liberté.
Il y a aussi ceux qui ont tout de suite choisi leur intérêt et ont servi la mafia.
Il y a de beaux portraits, d'autres moins beaux mais tellement réalistes et terriblement humains.
Mais au premier plan, passées à la loupe, ce sont les relations entre les personnages, les portraits, les analyses de sentiments et d'émotions qui m'ont happée.
Souvent complexes et subtiles, les descriptions des émotions trouvent un écho profond en chacun de nous. L'amitié entre Lila et Elena, comme tous les sentiments forts, est un esquif fragile qui vacille entre amour et jalousie.
Ce qui fait dire à Elena : "Tout rapport intense entre des êtres humains est truffé de pièges et, si on veut qu'il dure, il faut apprendre à les esquiver. C'est ce que je fis en cette circonstance aussi : je finis par me dire que ce n'était qu'une énième preuve de la nature à la fois splendide et ténébreuse de notre amitié, ainsi que de la douleur intense et compliquée de Lila, qui durait encore et durerait toujours."
J'ai souvent pensé à "La princesse de Clèves" justement pour cette faculté de l'auteure à s'enfoncer finement dans la psychologie de ses personnages, sans ennuyer le lecteur une fraction de seconde et en sachant l'aider à reconnaitre en lui même de tels sentiments.
Donc aucune usure ou lassitude au terme de ce 4e volumes, rempli de ce qui a fait la vie des femmes de ma génération et de mon milieu : droits des femmes, disparition des idéaux de gauche, relations avec les hommes, rôle de mère, relations au travail ... Tout ce qui a fait de nos vies un lieu de questionnements et de doutes.
Un coup de cœur, naturellement !
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