Bienvenue à tous ceux qui aiment lire ...

Lire, pour moi, c'est échapper au quotidien tout en restant proche des hommes et de leurs réalités ...

samedi 28 juin 2014

La nueve de Paco Roca

Delcourt, coll. Mirages, 2014, 313 p., 29€

Trois bonnes raisons de lire "la nueve", roman graphique historique en hommage aux républicains espagnols ...

UN : un thème original ...
C'est la fin de la guerre civile espagnole. Dans le port d'Alicante, des milliers de républicains avec leur famille attendent d'hypothétiques bateaux qui viendront les sauver des geôles franquistes ou du peloton d'exécution ...
Et voilà que commence l'odyssée des républicains anarchistes et communistes ...  Après maintes péripéties, certains furent parmi les premiers à  libérer Paris avec la 9e DB en août 1944. Sur leurs chars, ils avaient inscrit les noms des grandes villes espagnoles où ils croyaient rentrer rapidement, avec l'aide des alliés : une fois les nazis battus viendrait le tour de la dictature franquiste ... Espoir déçu. Une part d'histoire méconnue.
Grâce à un travail de documentation et d'archive impressionnant, la bande dessinée fourmille d'informations très précises qui alimentent tout naturellement le récit, sans l'alourdir.

DEUX : un beau portrait ...
De nos jours, un jeune écrivain recherche pour son travail Miguel Ruiz, un vieil anarchiste espagnol qui vit dans une petite ville française et qui aurait été un héros de la seconde guerre mondiale ...
Miguel existe bien mais, âgé et fatigué, il rechigne à le recevoir. Cependant le jeune homme sait le convaincre et un long récit, empreint d'émotion, rythmé par les souvenirs commence.
Le personnage de Miguel est attachant. Comme tous les républicains exilés, tous les combattants qui ont perdu leur bataille pour la démocratie, il a été meurtri et, s'il ne renie rien de ce qu'il a vécu, il pense que tout est tombé dans l'oubli.
Très beau portrait d'un homme courageux, engagé et entièrement dévoué à la cause de la liberté, à qui il a sacrifié sa vie. Ils furent nombreux ...


TROIS : un dessin expressif et un scénario au cordeau ...
Le récit est mené sans temps morts, il suit la chronologie historique globalement mais est émaillé de flash back qui soulignent des faits importants.
L'auteur a le goût du détail dans ses dessins et cela est souvent bien plus parlant que des mots, notamment quand il est question des conditions de vie.
Un beau dessin, bien mis au service de l'histoire et bien complémentaire, où même les couleurs jouent un rôle.
Une œuvre qui fait un tout très construit et très achevé. J'ai beaucoup apprécié la cohérence de l'ensemble qui révèle un gros travail en sous-main.
L'auteur, Paco Roca, est un auteur de BD engagé et reconnu en Espagne (il a eu plusieurs prix).
Voir .
Un coup de cœur. A lire ...
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mardi 24 juin 2014

Les autodafeurs de Marine Carteron

Ed. du Rouergue, coll. doado, 2014, 329 p., 14€
Un bon crû !
Dans le chaudron de Marine Carteron et des Éditions du Rouergue, mijotent des personnages aux petits oignons, des gentils et des méchants bien identifiés, une intrigue prenante, quelques  pincées de fantaisie et d'originalité ... Tous ces ingrédients font que j'ai dévoré les "autodafeurs" et que j'attends avec impatience les 2 tomes à paraitre.
La vie d'Auguste Mars, 15 ans, bascule le jour où son père meurt dans un accident de voiture. Sa mère, sa sœur Césarine et lui, dévastés par le chagrin, vont emménager chez ses grands-parents à la campagne. Auguste regrette Paris et ses copains mais les évènements s'enchaînent bientôt à toute vitesse et il n'a bientôt plus le temps d'y penser. En effet, les autodafeurs s'attaquent aux archives et aux livres car ils savent que la connaissance, c'est le pouvoir et le pouvoir doit rester aux mains des nantis ! Auguste a du boulot ...
Mon personnage préféré, c'est Césarine.
Elle souffre du syndrome d'Asperger (dans la famille, on dit avec tendresse qu'elle est "artiste") et fait preuve d'un bel esprit concret et logique qui pousse le raisonnement aux frontières de l'absurde. Elle nous fait souvent sourire en prenant au pied de la lettre les expressions imagées de la langue française et les habitudes pas toujours rationnelles des adultes. Dans un monde angoissant, ses crises de panique nous deviennent souvent très compréhensibles. Un joli personnage, attachant.
Le copain "Néné", balourd au début du roman, révèle des ressources inattendues. Et la famille du héros ne ressemble à aucune autre.
Joli rythme, humour et action, un style bien adapté aux ados de 11 à ... bof, y a pas d'âge limite !
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dimanche 22 juin 2014

Rose sang de Annabelle Demais

Archi poche, 2014, 210 p., 7,65€
Pas de coup de cœur pour ce polar marseillais dont l'héroïne est journaliste, comme son auteur. Mais ...
Style coup de poing, récit sans temps mort.
Même si le lecteur a déjà entendu les considérations sur Marseille et les cités, sur les difficultés du métier de journaliste et sur la collusion des milieux culturel et politique ... Annabelle Demais est sympathique et correspond à la loi du genre : désenchantée, indépendante, obstinée et n'aimant pas se laisser marcher sur les pieds. On l'aime, quoi.
Rien de nouveau sous le soleil marseillais mais tout de même, une somme d'infos cohérentes et qui brossent un portrait réaliste de notre belle cité, victime de profiteurs de tous poils, depuis si longtemps.
Et en prime, on a le plaisir de suivre les aventures de la belle Demais sur des lieux que nous connaissons tous et qui révèlent une vraie connaissance de Marseille.
Le point faible pour moi : l'intrigue, au final assez légère, loin des tenants et aboutissants marseillais. Mais le fait divers est le quotidien du journaliste et de l'enquêteur, même à Marseille !

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mercredi 4 juin 2014

Les petits ruisseaux de Rabaté

Ed. Futuropolis, 2006, 94 p.,
Lecteur, tu auras déjà une petite idée de la BD en lisant le sous-titre en couverture :

SEX
on fera ce qu'on pourra
DRUG
surtout contre le cholestérol
AND ROCK AND ROLL
je suis meilleur en musette

Tu as compris que tu n'as pas à faire au perdreau de l'année ...
Emile a perdu sa femme, il lui reste ses copains de bar, la pêche à la ligne et ... une petite vie de retraité trop étroite.
Quand il découvre la vraie nature de son pote Edmond, peintre érotique et coureur de jupons discret,   une petite lueur commence à poindre dans son esprit assoupi. Quelques belles rencontres, un sursaut de désir et le voilà parti vers une nouvelle vie, au mépris de ses bobos physiques et des tabous qu'il s'était imposés ...
Le pragmatisme et la sobriété des dialogues rendent bien la nature réservée et pleine de bon sens du retraité, ainsi que des expressions vieillottes savoureuses.
La BD illustre à merveille, avec délicatesse, l'idée que la vie nous réserve toujours des surprises, jusqu'au bout, pourvu qu'on reste à l'écoute des gens qui nous entourent.
Des surprises ... à la mesure de nos possibilités ;o)
Un bonbon.
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