Actes Sud, 2011, 19,50€, 290 p.
Intéressante histoire que celle de ce jeune juif de Constantinople, né en 1519, dans une ville alors entièrement musulmane.
Son père, employé du marché aux esclaves (un des quelques métiers autorisés aux juifs), meurt et Elie, désormais seul au monde, passionné de dessin mais à qui sa religion en interdit totalement la pratique, décide de s'enfuir à Venise.
Là, protégé par son anonymat, il commence une nouvelle vie et étudie la peinture librement en se faisant passer pour un grec venant de Turquie. Ce qui lui vaut le surnom de "Turquetto".
Il peint dans l'atelier du Titien, épouse la fille simplette d'un riche notaire vénitien grâce à qui il obtient des commandes, devient célèbre, riche, ouvre ses propres ateliers et travaille sans discontinuer pour les particuliers et l'église.
Cachant soigneusement sa judaïté, il est cependant heureux puisqu'il peint, jusqu'au jour où il prend une maîtresse juive ...
Metin Arditi réussit une description vivante de Venise au 16e siècle, antisémitisme, pauvreté du peuple, arbitraire et toute puissance de l'église catholique, rivalités et embrouilles politiques d'un côté ... de l'autre, amour de l'art, désir d'épanouissement, de survie des êtres humains dans leur superbe diversité.
Le style très fluide porte le roman et l'histoire de ce peintre passionné, histoire qui parait tellement crédible qu'on se prend parfois à croire qu'il a réellement existé !
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