J'ai retrouvé avec grand plaisir Heredia, le privé désabusé et son chat Simenon (avec lequel il devise en buvant du whisky) que j'avais rencontrés dans deux autres polars : ici et là.
Ramon Diaz-Eterovic explore une fois encore le passé récent de son pays, le Chili, et dénonce cette fois, la protection dont bénéficient les militaires qui ont commis les pires exactions pendant la dictature du Général Pinochet. Un passé qui hante ceux qui en furent victimes, ceux qui aujourd'hui s'organisent pour que justice soit enfin rendue ...
Sous prétexte qu'il faut "regarder vers le futur et que personne ne veut plus entendre parler de tout ça", que "les responsabilités sont partagées", faut il oublier ? Oublier la sinistre villa Grimaldi où furent perpétrées les pires tortures, où disparurent plusieurs milliers de personnes ? Oublier que les assassins vivent au milieu de tous comme des citoyens respectables ?
Heredia qui se place du côté des victimes, sait que :
"- Certains pensent que les militaires ont changé ces dernières années.
- Ils se taisent et nous saluent courtoisement mais ils peuvent de nouveau montrer les dents dans l'avenir. Je n'ai pas confiance en eux. Ils sont dressés à maintenir l'ordre des puissants. Notre histoire est pleine d'exemples qui confirment mes paroles.
- A vous entendre, on dirait que vous leur gardez rancune.
- Je m'en méfie, Anselmo. Une fois déjà, ils ont foutu notre vie en l'air et ça, je ne l'oublie pas."
Le roman est émaillé de citations de poètes et de romanciers, les dialogues sont acérés et tranchants en contrepoints à la lassitude d'Heredia. Lui à qui seul l'amour donne encore le goût de vivre.
Un récit paradoxalement "punchy" pour un héros attachant mais bien las de la nature humaine.
Il faut lire absolument ce beau roman policier pour mieux connaitre le Chili d'aujourd'hui. Ramon Diaz Eterovic au sommet de son art !
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