Livre sélectionné pour le prix du livre de poche 2013.
A partir d'un fait divers et à travers 4 personnages, Fabrice Humbert trace à grands traits le portrait d'une société impitoyable où la raison du plus fort et la recherche du profit broient les hommes sans pitié.
Un jeune serveur noir, Sila, se fait violemment frapper, sans véritable raison, par un client américain richissime venu dîner dans le restaurant étoilé où il travaille depuis peu.
Les autres protagonistes de l'histoire se trouvent tous dans ce restaurant, au même moment, mais aucun n'intervient pour aider Sila.
Il y a l'agresseur, Mark Ruffle et sa femme. Lui a construit son immense fortune sur le prêt immobilier aux pauvres, sans scrupule, contribuant ainsi à sa façon à la crise des subprimes.
Simon a suivi son grand (et seul) copain, Matthieu, à Londres. Il y exerce la fonction de "quant" dans une banque à la city et constitue ainsi un des multiples rouages de la crise financière, quoique à un échelon bien subalterne.
Lev Kravchenko, oligarque russe et sa femme Elena, universitaire, sont de passage à Paris. Dans le sillage d'Eltsine, Kravchenko a bâti sa fortune en trafiquant et en vendant les biens de l'ex-URSS sans état d'âme.
Fabrice Humbert nous offre un instantané précis de la société actuelle sur laquelle le "vulgus pecus" a bien peu d'influence. Il manie la plume comme un scalpel : pas de pathos, peu d'empathie, des personnages fouillés mais bien seuls et désenchantés.
Sila et Simon subissent plus qu'ils n'agissent, ils sont désarmés devant la cruauté de ce monde.
Ruffle et Kravchenko font parti des rapaces qui, eux, exploitent les autres.
Au final, même si les crapules ne sont pas punies par la justice des hommes, la vie se charge de les isoler : peu à peu ils se retrouvent dans un désert affectif et dans une jungle où chacun doit défendre férocement son bien s'il veut le conserver.
Brrrrr ! Par moment, le roman, très réaliste, donne froid dans le dos. Mais j'ai beaucoup aimé (comme son précédent roman "l'origine de la violence").
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