Trad. Martine Aubert, Albin Michel, 2024, 605p., 23€90
Prix Pulitzer et Women's prize for fiction pour ce roman dont le JE raconte les tribulations du jeune Damon Copperhead dans les Appalaches, de nos jours. Mal parti dans la vie car doté d'une mère junkie et irresponsable, il "se met au monde lui même" alors que sa mère est inconsciente et mène sa barque à la va comme je te pousse, dans la débrouille permanente, animé d'un grand instinct de conservation et d'une soif inextinguible pour une vie de famille équilibrée.
On est happé par le style imprégné de la gouaille du héros et la forte implication sociale de l'auteure. Elle a déclaré lors d'un interview s'être inspirée de "David Copperfield" de Charles Dickens et elle en est la digne descendante dans notre 21e siècle qui ne fait toujours pas de place aux démunis, travailleurs pauvres et autres rejetés. Damon est un "mélongeon", c'est à dire un descendant du vrai melting pot américain : noirs, indiens, métis, blancs etc. Le terme en soi trouve un écho péjoratif ... Après le décès de sa mère, de services sociaux défaillants en familles d'accueil minables, en passant par le cercle infernal de l'addiction, le garçon va
être confronté aux pires épreuves. Il sera parfois aidé, souvent rejeté ou ignoré.
L'auteure nous parle de l'Amérique, celle de Trump, celle des pauvres, celle des victimes de l'oxycontin et de l'appétit insatiable des grands trusts pharmaceutiques. Il y a les victimes de l'assistance publique, les Johnny, Tommy, Fastforward, Damon mais aussi ceux qui essaient de les aider, les June, les Paggot, Annie et Mr Armstong, Betsy et Mr Dick, le Coach, Angus ... et ceux qui sont laissés pour compte, Maggot, Emmy et d'autres. Une magnifique galaxie de personnages riches et évocateurs.
Un roman magnifique à ne pas rater, particulièrement pour sa première moitié (pour moi), dédicacé par l'auteure : "pour les survivants".
Coup de cœur !
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