Bienvenue à tous ceux qui aiment lire ...

Lire, pour moi, c'est échapper au quotidien tout en restant proche des hommes et de leurs réalités ...

mardi 7 avril 2015

Mes clandestines de Sylvie Gracia

Jacqueline Chambon, Actes Sud, 2015, 270 p., 22€
Lire "Mes clandestines" a été pour moi un peu comme une longue et douce discussion avec une amie.
Comme si nous nous étions retrouvées, chez elle ou chez moi et que nous ayons évoqué, à bâtons rompus, les sujets qui nous trottent dans la tête.
A travers ces évocations de femmes, Sylvie Gracia nous parle de nous. Ce que nous vivons de l'enfance à la vieillesse, les épreuves, les joies, les malheurs, les rencontres. Vivre avec ce corps qu'on n'a pas choisi, devenir mère ou non, vivre avec ce que nos parents nous ont donné, vivre la tête haute, vivre la maladie ... Nous sommes toutes si semblables et si différentes par nos itinéraires de vie, tant de choses qu'on ne comprend pas en nous mêmes et dans les autres. Mais Tamina, Camille, Estelle, Clémence, Léa, Mathilde, la mère de l'auteure montrent toutes leur courage, leur ténacité, leur dévouement, leurs faiblesses aussi. Et leur mystère. Que savent les enfants de leur mère ? Que savent ils de ce qu'elle vit, de ses difficultés, de ce qu'elle a vécu avant leur naissance ? "Énigme absolue des mères". Et comment fait on pour vivre sans elles, lorsqu'elles sont parties ? On s'aide, on se parle, on communique et on partage : "Nous devons être des mères les unes pour les autres" dit un de ses personnages.
C'est un regard lucide et tendre que pose S. Gracia sur ces femmes rencontrées par hasard, croisées dans la rue, sur ces amies surgies au fil des échanges, sans acrimonie vis à vis des hommes. C'est aussi un regard sur elle même, elle qui ne triche pas avec l'écriture, qui se livre, courageuse et entière.
Un beau regard servi par un style palpitant de vie, au verbe précis, aux interrogations fortes et généreuses, qui fait souvent naître l'émotion.
Même si le roman est intimiste, la réalité du monde pointe souvent son nez, le réel de nos vies avec sa cohorte d'inégalités sociales, de guerres, de cruautés s'échappe par bouffées qui viennent enrichir le  texte. En cela, elle rejoint cette auteure qu'elle admire tant, Annie Ernaux.
Oui, "...peut-être qu'écrire permet de déposer la matière du temps et nous apprend à vivre." Lire nous apprend aussi à vivre. Force de la littérature.
Un vrai coup de cœur.

@@@@@






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire