Bienvenue à tous ceux qui aiment lire ...

Lire, pour moi, c'est échapper au quotidien tout en restant proche des hommes et de leurs réalités ...

mardi 29 avril 2014

Le crime des pères de Michel Del Castillo

Editions du Seuil, 1993, 294 p.
Les récits autobiographiques sont toujours émouvants. Parce que l'auteur livre non seulement son histoire mais ses sentiments, ses joies, ses souffrances et, en définitive, ce qui l'a construit ou ... détruit. Il nous fait pénétrer au plus profond de sa personnalité.
Le roman de Michel Del Castillo n'y échappe pas. Et il émane parfois tant de souffrance de ses lignes que la lecture en devient douloureuse.

Le roman se situe en Espagne, après la seconde guerre mondiale, sous la dictature franquiste.
Entre un père biologique absent et un père de substitution tortionnaire, entre une mère uniquement préoccupée d'elle même et un amour impossible, entre républicains et partisans du caudillo, entre église et révolte, Miguel/Michel, adolescent cabossé par la vie, ne trouve ni affection stable ni  repères. Depuis sa petite enfance, les adultes l'ont toujours déçu, trompé, trahi. Il ne sait plus où aller ...
L'auteur précise, en 4e de couverture, que son roman mêle autobiographie et fiction et que lui même ne reconnait plus les limites de l'une et de l'autre. Une façon de bien nous faire comprendre combien la littérature qui l'a tant aidé compte pour lui !
En lisant son histoire personnelle (), je me suis dit que, finalement, il s'en était plutôt bien sorti ...
A lire quand le moral est au beau fixe, vraiment.
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samedi 26 avril 2014

Trop de bonheur d'Alice Munro

Editions de l'olivier, trad. J. Huet et JP. Carasso, 2013, 315 p., 24€
Qui va deux va trois ...
Après "Amie de ma jeunesse" et "Fugitives", j'ai retrouvé le style précis et concis ainsi que l'empathie habituelle d'Alice Munro pour ses héroïnes tellement humaines.
La nouvelle "Radicaux libres" tient le lecteur en haleine avec maestria : quand un sérial killer débarque
chez une retraitée ...
Toujours pas déçue par « la souveraine de l’art de la nouvelle contemporaine » dixit l'Académie suédoise qui lui a décerné le Prix Nobel de littérature en 2013 ...


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lundi 14 avril 2014

La grâce des brigands de Véronique Ovaldé

Editions de l'Olivier, 2013, 283 p., 19,50€
C'est le premier roman de V. Ovaldé que je lis. Et j'aime !
Le sujet n'est pas très gai mais la façon de le traiter, en gardant de la distance, en donnant vie à des personnages farfelus et terriblement humains, en privilégiant une certaine fantaisie nous permet de garder le sourire ... Ouf, on est en territoire connu : les erreurs et incohérences humaines mais toujours contre balancées par des moments de générosité et d'amour. Tellement agréable en ces temps tristounets !
Le style aéré, simple, qui mêle style direct et récit à la troisième personne rend la lecture légère. La grâce ;o)
La belle Maria Cristina Väätonen, de père lapon et de mère canadienne, va mettre toute sa jeunesse à évacuer une éducation puritaine que sa mère, bigote et peu équilibrée, lui a imposée. En commençant par quitter le Canada et aller vivre à Los Angeles, en écoutant ses désirs et en écrivant un roman autobiographique où elle lave son linge sale familial ... Et ce n'est que le début de l'aventure. Elle va rencontrer un élégant huluberlu et son chauffeur taciturne ...
Une lecture distrayante.
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dimanche 13 avril 2014

Les ombres du Yali de Suat Derwish

Libretto, 2011, 107 p., 6€70

Suat Derwish, auteure turque (qui a vécu en France et a écrit parfois en français), née en 1905 a publié "les ombres du Yali" en 1945.
Elle y raconte le destin de la belle Célilé, en trois étapes : face à son mari, Ahmed, face à elle même et à ses souvenirs d'enfance et face à son amant, Mouhsin, un riche homme d'affaire.
Née dans une famille riche, Célilé, orpheline, est élevée par une grand mère élégante, raffinée et cultivée. Son enfance se déroule dans un yali, une magnifique maison de plaisance au bord du Bosphore, selon les conventions de l'époque : ne pas jouer avec les enfants du jardinier, ne pas se
salir , ne pas crier, ne pas parler fort ... Sa grand mère, sans ressource à la mort de son mari, vend peu à peu tous ses objets de valeur. A la mort de cette dernière, Célilé doit quitter le merveilleux yali.
Elle épouse alors Ahmed, de condition modeste. Mais au bout de 11 années de vie commune, elle tombe amoureuse de Mouhsin et se donne à  lui. Un soir, elle ne rentre pas au domicile conjugal ...
Une histoire banale aujourd'hui mais scandaleuse en 1945 !
Célilé choisit sa vie, choisit d'abandonner les conventions de sa classe sociale (elle va devoir travailler pour subvenir à ses besoions) et ne se soumet pas aux hommes.
Servi par un beau style, simple et expressif, on est frappé par la modernité du propos.
Suat Derwish est morte en 1972, elle a été une journaliste et une romancière engagée à gauche et s'est employée à "faire entendre la voix des femmes turques".
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Fugitives d'Alice Munro

Trad. J.Huet et JP. Carasso, poche, 2008, 381 p., 7,60 €
J'ai bien aimé "Amie de ma jeunesse", j'ai donc suivi le filon "Alice Munro" ... Et me voilà happée par  "Fugitives".
Une séparation difficile, un coup de foudre inattendu, de l'aide refusée à une mourante par sectarisme intellectuel, une mère incapable de faire le premier pas vers sa fille assoiffée de spiritualité, une passion impossible, les souffrances autour de l'adoption, un amour déçu par les hasards de la vie, la peur devant l'irrationnel ... Tels sont les thèmes des huit nouvelles de ce recueil, thèmes bien ancrés dans le quotidien et toujours menés avec délicatesse. Et toujours des héroïnes, angoissées, pragmatiques, culpabilisées, pleines d'entrain, risque tout ou parfois résignées.
Il faut "apprivoiser" les textes d'Alice Munro, la lecture n'en est pas toujours évidente mais au fil des recueils, je suis devenue fan !
J'ai trouvé ce recueil un peu plus ardu que le précédent (Amie de ma jeunesse) mais il reste un bon moment de lecture car chaque nouvelle est un petit monde cohérent qui se clôt vite, où tous les mots importent, où le sens sourd de chacune des phrases.
 Quelle maîtrise.
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