Bienvenue à tous ceux qui aiment lire ...

Lire, pour moi, c'est échapper au quotidien tout en restant proche des hommes et de leurs réalités ...

jeudi 28 février 2013

La fortune de Sila de Fabrice Humbert

Livre de poche, 2010, 7€10, 354 p.
Livre sélectionné pour le prix du livre de poche 2013.
A partir d'un fait divers et à travers 4 personnages, Fabrice Humbert trace à grands traits le portrait d'une société impitoyable où la raison du plus fort et la recherche du profit broient les hommes sans pitié.
Un jeune serveur noir, Sila, se fait violemment frapper, sans véritable raison, par un client américain richissime venu dîner dans le restaurant étoilé où il travaille depuis peu.
Les autres protagonistes de l'histoire se trouvent tous dans ce restaurant, au même moment, mais aucun n'intervient pour aider Sila.
Il y a l'agresseur, Mark Ruffle et sa femme. Lui a construit son immense fortune sur le prêt immobilier aux pauvres, sans scrupule, contribuant ainsi à sa façon à la crise des subprimes.
Simon a suivi son grand (et seul) copain, Matthieu, à Londres. Il y exerce la fonction de "quant" dans une banque à la city et constitue ainsi un des multiples rouages de la crise financière, quoique à un échelon bien subalterne.
Lev Kravchenko, oligarque russe et sa femme Elena, universitaire, sont de passage à Paris. Dans le sillage d'Eltsine, Kravchenko a bâti sa fortune en trafiquant et en vendant les biens de l'ex-URSS sans état d'âme.
Fabrice Humbert nous offre un instantané précis de la société actuelle sur laquelle le "vulgus pecus" a bien peu d'influence. Il manie la plume comme un scalpel : pas de pathos, peu d'empathie, des personnages fouillés mais bien seuls et désenchantés.
Sila et Simon subissent plus qu'ils n'agissent, ils sont désarmés devant la cruauté de ce monde.
Ruffle et Kravchenko font parti des rapaces qui, eux, exploitent les autres.
Au final, même si les crapules ne sont pas punies par la justice des hommes, la vie se charge de les isoler : peu à peu ils se retrouvent dans un désert affectif et dans une jungle où chacun doit défendre  férocement son bien s'il veut le conserver.
Brrrrr ! Par moment, le roman, très réaliste, donne froid dans le dos. Mais j'ai beaucoup aimé (comme son précédent roman "l'origine de la violence").
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mercredi 27 février 2013

L'histoire d'Horacio de Tomas Gonzalez

trad. D.Valentin, Ed. Montparnasse, 2012, 218 p., 17€
Roman foisonnant qui nous vient tout droit de Colombie ... J'ai été surprise au début par ce récit très éclaté, riche de nombreux personnages, de tranches de vie, d'anecdotes, de détails du quotidien,  passant souvent du coq à l'âne.
De ce mesclun, parfois comique, parfois tragique, ressort le portrait chaleureux d'une famille et de ses proches dont le narrateur note les particularités, les excentricités, les qualités ; grâce à lui, rien ne nous échappe ni les petites choses qui font le sel de la vie, ni l'affection qui lie tous les personnages ... avec en toile de fond réaliste la corruption omniprésente des notables colombiens.
Un hymne à l'amour de la vie, malgré sa dureté.
Fin très onirique et très belle où alternent les brefs moments de lucidité d'Horacio et ses rêves étranges jusqu'au moment où "dans un gémissement, il pénétra, indigné, le territoire qui ne connait pas de limites."
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jeudi 21 février 2013

Blanche comme le lait, rouge comme le sang d'Alessandro D'Avenia

Trad. Nathalie Bauer, livre de poche, 2013, 282 p., 6,60€
Sélectionné pour le prix des lecteurs du livre de poche 2013.
Bof et rebof !
Pas grand chose à dire sur ce roman, on marche ou on ne marche pas ...
Un lycéen tombe amoureux d'une belle lycéenne rousse qu'une leucémie va emporter ... Il essaie de l'aider, de lui rendre ses dernières semaines plus légères sans se rendre compte qu'à ses côtés, son amie de toujours se morfond d'amour pour lui, tout en l'aidant généreusement.
Rassurez vous, la vie sera la plus forte.
Un pseudo style "ado" composé d'un mélange de pensées très terre à terre, de nombrilisme et de désir d'absolu ne fait pas un personnage crédible, la poésie reste définitivement une poésie d'adulte et le roman ne m'a pas intéressée du tout.
Mais je reconnais que je suis peut être partiale ... le roman est quand même "écrit".
Allez, zou, je passe à autre chose !!!
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lundi 18 février 2013

Mauvaise fille de Justine Lévy

Le livre de poche, 2011, 183 p., 6,30€
J'ai eu l'impression d'avoir soulevé le couvercle d'une marmite où bouillonnent les sentiments et le vécu intimement mêlés, d'avoir reçu en plein visage la touffeur des émotions mais je n'ai pas essayé de le refermer, un peu enivrée par les sucs et les odeurs. J'en conclus que la lecture m'a embarquée, sans chichis, sans manière, à la hussarde.
Il ne s'agit pas là de grande littérature, il s'agit de souffrance, d'urgence et de survie.
Comment gérer l'agonie et la mort d'une mère aimée tandis qu'au même moment, on est enceinte ?
Comme on peut ... l'essentiel restant de protéger, instinctivement, son enfant donc soi même !
Je n'ai pas vu l'adaptation au cinéma réalisée par Patrick Mille avec Izia Higelin et Carole Bouquet.
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dimanche 17 février 2013

Madame Hemingway de Paula Mac Lain

trad. Sophie Bastide-Foltz, livre de poche, 2012, 7,60€, 499 p.
Roman sélectionné pour le prix des lecteurs du livre de poche 2013.
Il m'a fallu un peu de temps pour entrer complètement dans le roman d'autant que je connais mal Hemingway, son œuvre et sa vie. Mais une fois que le pas a été franchi, je me suis régalée ...
L'auteure s'est tenue au plus près de la réalité en puisant dans des documents d'époque, des correspondances ou des essais mais, bien sûr, son roman reste une œuvre de fiction dont l'analyse psychologique constitue le cœur.
Celle qui dit "je", c'est la première femme d'Hemingway (il en eut 4), Hadley Richardson, 28 ans. Elle débarque de son Missouri natal, tombe follement amoureuse du bel Ernest, l'épouse et partage quelques années agitées à ses côtés, le temps d'avoir un enfant. Issu d'un milieu classique et conventionnel, elle aidera son mari au maximum de ses possibilités jusqu'au moment où son amour se heurtera à la passion envahissante qu'il vit pour l'écriture, à sa recherche obsessionnelle de reconnaissance et à sa fascination pour la mort ... sans oublier son goût pour les jolies femmes !
Une des grandes qualités du livre est de nous immerger dans la vie des artistes des années 20.
On côtoie Ezra Pound, Francis Scott Fitzgerald, James Joyce et bien d'autres.
On y croise Gertrude Stein qui tient salon et encourage les jeunes talents.
On y découvre la vie agitée que menait cette intelligentsia : alcool, sexe, drogue, tromperies et commérages ...
On constate combien Paris les attirait tous par la liberté et le bouillonnement intellectuel qui y étaient offerts.
Autre pôle d'attraction, Antibes, petit village inconnu à l'époque, où un riche couple d'américains, les Murphy, accueillait généreusement auteurs et peintres désargentés.
Hemingway, passionné de tauromachie et de corridas, faisait de longs séjours à Pampelune, en Espagne. Il y entraîna ses amis artistes ... Et voilà comment certains lieux devinrent à la mode !
Bref, le tableau de l'époque est passionnant et l'histoire d'amour bien belle, ce qui ne gâche rien.
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samedi 16 février 2013

Le sermon sur la chute de Rome de Jérôme Ferrari

Actes Sud, 2012, 201 p., 19€
Finalement le héros de ce roman, Matthieu, est un pusillanime sans grande personnalité. Il ressemble à ces méduses du film d'Alain Resnais "On connait la chanson" qui apparaissent deux ou trois fois et dont tout le monde se demande à quoi elles servent et ce qu'elles veulent dire.
Le jugement peut paraitre sévère mais si Matthieu cherche à aller en Corse, s'il accepte de gérer un bar c'est uniquement pour se rapprocher de son unique ami, Libero. Toutes les grandes décisions de sa vie sont prises en fonction de son ami, sinon il n'y a pas de décision du tout.
Libero lui, pense, réfléchit et juge. Il interrompt ses études de philosophie pour devenir gérant de bar parce que l'espèce humaine n'a rien su tirer de l'enseignement des philosophes, parce qu'elle n'en tirera jamais rien et qu'il n'a plus aucun espoir en elle. Mais, au contraire d'Alceste (ou comme lui ?) il aime encore ses prochains et tente parfois de les aider et paradoxalement, il est celui par lequel le malheur arrive ...
La Corse se situe bien au centre du récit, à travers l'histoire du grand-père Marcel surtout, le meilleur moment du récit, pour moi.
La philosophie imprègne le roman, cependant je ne peux m'empêcher de trouver le titre et les références un peu pompeuses. On dirait que l'auteur cherche absolument à prouver que Saint Augustin est toujours d'actualité (toute entreprise humaine est vouée à la décadence). On le sait bien que les grands penseurs le sont toujours mais perso, je préfère quand il y a un peu plus de confiance en la nature humaine ...
Une lecture agréable mais pas un coup de cœur.
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