Bienvenue à tous ceux qui aiment lire ...

Lire, pour moi, c'est échapper au quotidien tout en restant proche des hommes et de leurs réalités ...

jeudi 22 septembre 2011

Marseille, coup de blues de Bernard Laurens-Anderson

Editions Velours, 2011, 209 p., 16€50
Si vous voulez éviter le coup de blues ... ignorez ce roman !
Malgré un titre alléchant, il ne tient pas ses promesses : personnages inconsistants et intrigue inaboutie. Il effleure seulement Marseille, ma belle ville dure et colorée, et la teinte d'une nostalgie du passé gnangnan servie par un style sec du début à la fin.
J'en regretterais presque Izzo, Carrese et cie. Au moins, chez eux, Marseille sent fort, la galère suinte même là où on veut la cacher, ses contrastes nous arrivent en pleine gueule ... Marseille n'est pas une ville "clean", trop pauvre depuis toujours, trop populaire !
Les personnages ressemblent à Alain Delon, dixit l'auteur, hélas pour nous, les voilà donc profitant du système sans rien donner en retour, enrichis par les affaires, blasés, solitaires et ... vieux au plus profond d'eux mêmes. Antipathiques.
Ajoutez des noms de rues fictifs et un prétendu "lexique du parler marseillais" qui aligne péniblement 16 mots. J'emprunte à Montherlant son : "Roule torrent de l'inutilité" ("Le maître de Santiago") !
A éviter.
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mercredi 14 septembre 2011

La grande peur dans la montagne de Charles-Ferdinand Ramuz

Voilà un auteur peu connu, suisse de langue française, un style littéraire peu en vogue ... un roman décalé dans le paysage littéraire actuel, en somme.
Les habitants d'un petit village suisse décident d'envoyer leurs vaches pâturer en haute montagne, contre l'avis des anciens qui se souviennent d'un grand malheur survenu à cet endroit là, 20 ans auparavant. On ne saura jamais ce qui s'y passa mais à nouveau, le malheur rôde et tout s'enchaîne dans une ambiance de peur.
Le style rappelle furieusement un autre Ferdinand, notre Céline national. En moins bien, naturellement ;o) car traduisant des sentiments moins extrêmes, moins noirs, moins misanthropes que Céline. Il n'y a pas ces longues phrases qui semblent jaillir du fond de l'âme et viennent en direct de la révolte contre l'ordre établi et contre l'ordre des choses ! Mais le style est rude, comme les paysans, simple, fait de mots de tous les jours, agencés comme les idées viennent, avec des répétitions si ça les exprime mieux ... C'est ce que j'ai préféré dans le roman.
Et puis l'histoire. Elle prend le lecteur par surprise, on s'attend à un roman sur la montagne, les paysans, leurs superstitions et leur rudesse et on se découvre en plein fantastique. Étonnant mélange.
Pour moi, ce roman est plus un exercice de style qu'une lecture prenante. Le personnage principal est, en définitive, la montagne. Et les nombreuses descriptions ralentissent la lecture, la rendent un peu languissante.
Mais pourquoi ai-je lu ce livre ? Une blague de mon beau-frère qui vit en Suisse et tient à ce que je devienne une spécialiste de Ramuz, né en 1878 à Lausanne. Il pensait que je n'arriverais pas à le finir ;o)
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mardi 6 septembre 2011

Les Femmes de T.C BOYLE

Edition Livre de Poche 700 P. 8 Euros

Pour vous dire vrai je suis un peu en saturation de Monsieur FRANCK LLOYD WRIGHT. Peut être ai je trop enchaîné rapidement   après " Loving Franck" avec  cet ouvrage, mais je reconnais que je suis un peu overdosée, comme on dit.

Ce livre retrace la vie conjugale de ce monsieur vu par le regard d'un de ces élèves japonais qui au final restera de longues années à ses côtés.  On y découvre le destin de ces 2 dernières femmes officielles Miriam et Olgivanna ainsi que de sa maîtresse Mamah et de sa première épouse Catherine.
S'entremêle au passage, les difficultés des enfants nés de ces unions ou pas qui paieront eux aussi le prix cher de ces familles recomposés avant- gardistes.

J'ai en fait du mal à me situer par rapport à cet homme qui est certes incontesté à ce jour sur son génie architectural, mais qui sur un plan relationnel, est beaucoup plus "contestable".

Un ouvrage riche, et peut être un peu long écrit par un homme sur une vie relationnelle faite de scandales et d'échecs ce qui fera de sa vie, un chemin jalonné de drames.
Un bâtisseur, certes mais qui pour moi passera sa vie à détruire ce qu'il  construit et ainsi de suite....


Mon malaise vient du fait je crois que je ne suis pas arrivée à travers ce livre à trouver qui était vraiment cet homme, d'une part  et d'autre part qu' il ne suscite chez moi ni  compassion, ni  véritable admiration. Au final je le trouve froid fasse à ces femmes qu'il dit aimer et qui sacrifient tout pour lui.
Des  femmes - il en a eu 3 officielles et 1 maîtresse notoire - qui souffriront jusqu'au drame pour pouvoir vivre avec lui.  Elles ont toutes en commun le sacrifice et l'abnégation pour satisfaire leur Homme et il faut bien le dire un brin de folie, en un mot la passion.

Il est intéressant  toute fois de voir déjà à l'époque - fin du XIX° début du XX° que la presse ressemble étrangement à celle que nous connaissons aujurd'hui cf Affaire DSK par exemple- 







lundi 5 septembre 2011

Les années douces d'Hiromi Kawakami

Picquier poche, 2005, trad. E. Suetsugu, 283 p.
Envie de voyage, de dépaysement ? Pas d'hésitation, ce roman est parfait !
Tsukiko, la quarantaine, employée de bureau, se rend régulièrement dans le café de Satur, après son travail. Son ancien professeur de japonais aussi. « Le maître », comme elle l'appelle, reconnaît l'ancienne lycéenne et tous deux partagent échanges informels et moments de plaisirs gastronomiques. Sans pour autant en faire une habitude.
Ces deux êtres non conformistes et solitaires vont peu à peu s'apprivoiser (un goût commun pour le saké va les y aider) et découvrir qu'ils ont beaucoup en commun même si les apparences n'en laissent rien deviner : elle n'aime pas les chichis, il est raffiné, elle s'habille à la va comme je te pousse, il est élégant, elle n'a pas aimé les cours de japonais, il adore la poésie, elle aime le saké, il trouve qu'elle en boit trop ! Et voilà le masculin et le féminin qui s'embrouillent ...
Pour couronner le tout, dans la culture japonaise les sentiments ne s'expriment pas facilement, on prend sur soi, le respect de l'autre est immense.
Dans un style simple non dénué d'humour, l'auteur construit cette relation, tout doucement, à travers les petites choses du quotidien : les goûts alimentaires, les rituels, la présence même silencieuse de l'autre, les objets quotidiens personnels, les attitudes, les mots favoris de chacun, les silences attendus ou non. Alors le lecteur découvre, avec délice et étonnement parfois, au fil de l'histoire, les recettes, les façons de vivre, les conventions japonaises.
Mais cette délicatesse, cette description par petites touches, en bon européen, on a bientôt envie qu'elles volent en éclat et qu'elles se laissent submerger par les sentiments de nos deux héros …
Ce roman m'a réconciliée avec la culture japonaise à laquelle je suis, ma foi, assez hermétique … Merci aux lecteurs qui l'ont signalé sur la blogosphère.
Un très bon moment de lecture qui nous entraîne délicatement loin, bien bien loin !
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dimanche 4 septembre 2011

Alienor d'Aquitaine de Régine PERNOUD

Edition  Livre de Poche 5.50 E 298 p
Voici un livre qui ne peut se qualifier totalement de roman, mais qui n'est pas non plus un ouvrage historique "pur et dur". Régine Pernoud, historienne médieviste de renom, a néanmoins favorisé l'accés à l'histoire à travers des publications accessibles à tous.

On peut donc sans crainte d'une erreur historique ou d'un arrangement convenu appréhender notre Histoire à travers ses livres.
Avec cet ouvrage on découvre donc la vie de cette femme exceptionnelle qui a modelé et pesé de toutes ses forces pour façonner ce que deviendront à terme l'Angleterre et la France.

Une femme libre qui n'hésite pas à quitter son mari qui n'était autre que le Roi de France, Louis VII pour aller voir ailleurs, du côté des Plantagenêts et refaire sa vie. Surprenant me direz vous ? Et sa vie ne s'arrêtera pas là car malgré ses 10 grossesses menées à terme, elle vivra jusqu'à 84 ans!

N'allez pas vous imaginer qu'elle mena une vie tranquille et sage, loin s'en faut, une vraie amoureuse de la vie, une femme politicienne et une femme des arts. Solide conseillère de son Plantagnêt de mari elle deviendra l'alliée principale de son fils, le très célèbre Richard Coeur de Lion.

La découverte  de sa vie nous permet de mieux comprendre la formation de ces nations qui donnèrent lieu entre autre à la Guerre de cent ans, ainsi que la condition des femmes au moyen âge qui était bien loin de ce que nous connaîtrons par la suite.

En conclusion, l'Europe n'est pas qu'un fantasme mais est bien le reflet de notre histoire commune qui au fond nous confirme que nous sommes tous cousins.

Une sacrée destinée.

Les sept fils de Simenon de R. Diaz-Eterovic

Editions Métailié, trad. B.Hausberg, 2001, 17,50€, 284 p.
Ce que j'aime dans les polars de Ramon Diaz-Eterovic, c'est que les états d'âme de son héros rejoignent les miens ! Dès qu'il parle de la société actuelle, il fait mouche et me voilà remuée.
Heredia, détective privé plus très jeune, se remet doucement d'un chagrin d'amour lorsqu'il décide de reprendre ses activités professionnelles. A peine rentré à Santiago, il est accusé d'un meurtre commis dans l'hôtel où il loge momentanément ! Qui a assassiné ce pauvre Gordon, commissaire aux comptes qui s'est un peu trop penché sur un projet de gazoduc entre l'Argentine et le Chili ? Un projet bien peu écologique et sans les garanties de sécurité nécessaires mais dont politiques influents et dirigeants d'entreprise tireraient volontiers profit ... Heredia n'a d'autre solution que de mener l'enquête.
Entre quelques amis fidèles et son chat philosophe Simenon (avec lequel il dialogue sur un ton humoristique), Heredia se sent étranger à la société chilienne actuelle, à un système qui génère pauvreté et injustices. Ce système, il s'y est opposé jusqu'au coup d'état du Général Pinochet mais aujourd'hui : "Peut-être avais-je compris, comme d'autres amis du passé, que ceux qui dirigent le monde n'acceptent pas de changement susceptibles de toucher leurs gros sacs d'intérêts et de misères. Voilà pourquoi, il me fallait accumuler l'espoir et les idées pour alimenter le triste feu de la défaite. Ce n'était pas facile. Beaucoup d'amis étaient morts. D'autres avaient retourné leur veste et apprenaient  les pas d'une nouvelle danse qui leur tournait la tête au point de leur faire oublier ce qu'il y avait en eux de plus pur et de plus simple."
Il constate que les idées généreuses qu'il a défendues, ne sont plus partagées par les jeunes, comme le lui dit le flic Bernales :
-"Et vous espériez quoi ? Nous voir poursuivre la litanie de vos revendications larmoyantes ? Ce qui est arrivé, plus personne ne peut le réparer maintenant. On ne peut s'accrocher à un passé que nous n'avons même pas vécu. Le monde a changé et les dinosaures comme vous n'ont plus grand chose à faire. Ils n'ont même pas une oreille pour les écouter. Il faut vivre avec son époque et profiter des occasions pour prendre du bon temps. L'important c'est soi-même, les autres n'ont qu'à se débrouiller ..."
Derrière le personnage de Heredia, emblématique d'une génération, se trouvent toutes les désillusions des perdants mais aussi toute leur dignité lorsqu'ils restent fidèles à leur idéal d'une société plus juste. Dans la France actuelle, je me sens aussi parfois "un dinosaure" ...

Diaz-Eterovic a réussi un roman plein d'ambiance et riche d'une description vivante de Santiago, ses bars, ses quartiers, son évolution. Ses livres me donnent envie d'aller faire un tour au Chili ... alors je rêve et me remets à l'espagnol !
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