Bienvenue à tous ceux qui aiment lire ...

Lire, pour moi, c'est échapper au quotidien tout en restant proche des hommes et de leurs réalités ...

lundi 25 avril 2011

Les cahiers de Justo García d' Andrés Trapiello

 10-18, livre de poche, 331 p., 7€50
Quel hasard ! En 3 mois, j'ai lu 3 romans en relation avec la guerre d'Espagne ! Tous 3 très différents mais chacun prenant, à sa façon ...
Le roman se présente sous la forme du journal intime d'un jeune typographe espagnol, socialiste et engagé dans l'armée républicaine. Justo García commence son récit (presque quotidien) au moment de la défaite des républicains, quand les combattants errent, totalement livrés à eux mêmes, après s'être battu jusqu'à l'extrême limite. Ensuite, il y a la fuite vers la frontière, un passage harassant en France dans la neige et l'arrivée dans le camp de Saint-Cyprien où les réfugiés vont connaitre des conditions de vie terribles : froid, faim, absence de soins, saleté, maladies, humiliations ... Seule la solidarité et l'amitié permettront à Justo de tenir le coup. Arrivera-t-il à sortir du camp, quelle sera sa destination, comment refera-t-il sa vie ? Voilà résumée la détresse de ceux qui ont tout perdu ...
Issu d'un milieu modeste, le héros d'Andrès Trapiello raconte avec des mots très simples son périple, ses émotions, il se dégage beaucoup de dignité de son récit.
La France ne sort pas grandie de ce moment d'histoire, pour quelques personnes généreuses combien d'indifférents, de racistes ou d'exploiteurs, sans parler du refus du gouvernement français socialiste (Léon Blum) d'envoyer de l'aide aux républicains malgré un traité entre les deux pays !
Dans un style d'écriture très différent, "le cœur glacé" ( Almudena Grandes) ainsi qu' "Antoine et Isabelle" (Vincent Borel), en couvrant une période historique plus longue, abordent aussi ce sujet.
Une lecture incontournable pour ceux que cette période intéresse.
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Une définition de l'écriture qui me va bien !

Une belle définition à partager entre nous :

" Je n'écris pas pour dire que je ne dirai rien, je n'écris pas pour dire que je n'ai rien à dire. J'écris : j'écris parce que nous avons vécu ensemble, parce que j'ai été parmi eux, ombre aux milieux de leurs ombres, corps près de leurs corps; j'écris parce qu'ils ont laissé en moi leur marque indélébile et que la trace en est l'écriture; l'écriture est le souvenir de leur mort et l'affirmation de ma vie."

Georges Perec- Ecrivain français 1936 - 1982



C'est aussi pourquoi je lis ....

vendredi 22 avril 2011

La mort se lève tôt de Ramón Díaz-Esterovic

Métailié, 2004, 281p., 18 euros
Un polar comme je les aime ! Une enquête avec en filigrane un sujet de société, une plongée dans les eaux profondes (et parfois nauséabondes) du Chili actuel !
Heredia est détective privé à Santiago. Il supporte sa solitude en philosophant avec son chat, Simenon. C'est le privé type, porté sur la bouteille, solitaire, hanté par le passé, par les femmes qu'il a aimées. Et obstiné.
Son désenchantement se nourrit du passé de son pays :  il n'oublie pas qu'il a combattu la dictature de Pinochet, il n'oublie pas les victimes de la villa Grimaldi et de la DINA, la violence, les crimes commis, la répression terrible ...  L'ambiance du roman est dense, étouffante et on y apprend que quelqu'un peut se trouver brusquement nez à nez avec son ancien bourreau, celui-ci agissant en toute impunité et couvert par les autorités ! Justice n'a pas été faite et l'auteur dit à ce propos : 
" Pour récupérer la démocratie, nous avons dû garantir à Pinochet et aux siens qu'on ne toucherait pas à leurs intérêts politiques et économiques. Et les politiciens de centre droit qui gouvernent aujourd'hui ont été fidèles à ce pacte. Ensuite, ces dernières 12 à 14 années, nous avons vécu un blanchiment constant de l'histoire, les crimes de la dictature sont restés impunis et les avancées de la justice dans ce sens n'ont été que symboliques."
Aujourd'hui, les chiliens se divisent en deux catégories : ceux qui ne veulent pas oublier et les autres. Heredia appartient à la première et vérifie pendant son enquête qu'un lien de solidarité unit ceux qui en font partie ... une étincelle d'optimisme dans un monde bien noir.

L'intrigue policière se place ici à égalité avec les thèmes de la mémoire et de l'injustice, il ne faut donc pas lire le roman seulement pour l'enquête. A mettre en parallèle avec le roman (plein d'humour) de Luis Sepulveda, L'ombre de ce que nous avons été.
Décidément, voilà un pays qui ne me laissera jamais indifférente et dont l'histoire récente me remue encore : qui se souvient aussi des Quilapayun chantant "El pueblo unido jamas sera vincido" ?
Allez voir le billet d' Ys , très complet, grâce à elle (merci Ys !) j'ai fait connaissance avec ce privé amateur de citations et de chat. 
Et pour en savoir plus sur l'auteur, allez .
Vous n'aurez pas la première de couverture : je la trouve vraiment trop moche !!!

vendredi 15 avril 2011

Trois femmes puissantes de Marie Ndiaye

Trois femmes puissantes de Marie NDIAYE 316 pages Edition Gallimard poche - paru en Janvier 2011.
Certes c'est Le Goncourt 2009 et de surcroît remporté par une femme, mais si Marie NDIAYE rejoint Elsa Triolet, Simone de Beauvoir, Edmonde de Charles Roux ou Marguerite Duras - entre autre - c'est bien avant tout à son talent qu'elle le doit.
Ce livre est une gifle, un coup de fouet donnés avec la plus extrême douceur, et c'est bien là tout le mystère de l'écriture de l'auteure.
Une écriture forte et douce à la fois pour nous décrire trois moments de vies de femmes.
Les hommes et les enfants y sont présents bien sûr, mais la puissance et la fragilité que dégagent ces femmes portent ce roman.
Ces femmes n'ont rien à voir entre elles et ne se rejoindront pas dans le roman, ces histoires sont bien distinctes, ce qui les réunit c'est l'Afrique, et la lâcheté des hommes.
Trois portraits qui ne vous quittent pas de sitôt :
- Norah qui retournant après tant d'années d'absence retrouver son père, découvrira un secret familial qui lui permettra de faire la paix avec sa jeunesse.
- Fanta, la plus absente du récit, mais la plus présente aussi
- Khady Demba , la magnifique, la courageuse,... On ne t'oublie pas.

A lire absolument, pour baigner dans l'univers de Marie NDIAYE qui nous donne tant de force.


samedi 9 avril 2011

Metal mélodie de Maryvonne Rippert

Editions Milan, coll. Macadam, 2010,  210 p., 9€50
Merci à M. Rippert d'avoir écrit le titre en français et de résister à l'hégémonie anglo-saxonne ! Grand mot mais réalité omniprésente ;o)
Lorsque Luce rentre chez elle, après sa journée au lycée, elle trouve la maison vide. Sa mère lui a laissé un mot sur la table : son journal l'envoie en Australie pour 4 mois, Luce devra se débrouiller toute seule assouvissant, à l'occasion, son désir d'indépendance.
Il est vrai que les relations mère/fille sont tendues mais de là à laisser sa fille de 16 ans gérer son quotidien, Luce a du mal à comprendre. La jeune fille va s'organiser cahin-caha, mûrir et découvrir enfin la vérité sur sa mère.
Metal mélodie a réveillé en moi des souvenirs de mère d'adolescente pas si lointains et, bien que l'intrigue soit peu crédible, la description des sentiments de la jeune fille m'a convaincue, parce qu'elle met bien en évidence toutes les contradictions de cet âge. Age maudit que j'ai vu s'éloigner avec OH combien de soulagement pour ma part !
Mais attention : "metal mélodie" n'est pas un roman gnangnan sur l'adolescence, il y a une première fois qui ne se passe pas très bien, un amour passion chaleureusement décrit, de la consommation de drogue et
d'alcool ... à ne pas mettre entre toutes les mains en collège, à partir de la 3e.
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jeudi 7 avril 2011

Purge de Sofi Oksanen

Stock, coll. La Cosmopolite, 2010, 399 p., 21€50

Estonie occidentale, de 1936 à 1951 et en 1991/1992.
Une jeune femme, Zara, arrive un jour, épuisée, sale et sans chaussure, chez Aliide Tamm et demande à la  paysanne de l'héberger. Son arrivée totalement impromptue va bouleverser la vie d'Aliide et la replonger dans un passé agité et trouble. La vieille estonienne va-t-elle accepter d'aider Zara ?

L'histoire de l'Estonie se situe au coeur de cette histoire de paysans, durs au travail, âpres au gain et attachés à leur ferme. Sofi Oksanen montre comment les 2 occupations soviétiques enserrent le pays dans un étau de répression, diluent les solidarités et incitent les gens à s'espionner et à se dénoncer pour sauver leur peau ou par intérêt personnel (cupidité, jalousie, vengeance ...).
Un vent lourd, oppressant souffle sur ce roman dont la construction parfaite alterne scènes du passé et scènes du présent. Mais que ce soit dans l'un ou l'autre, être une femme fait toujours de vous une victime des hommes !
Le personnage d'Aliide donne des frissons dans le dos tant elle est calculatrice mais, en même temps, peut on oublier ne serait-ce qu'un moment, les violences qu'elle a subies et dont elle cherche à éviter à tout prix la répétition ? 
Roman très fort, parfois dur et pénible mais roman réaliste, ode tragique au courage universel des femmes qui s'accrochent aux mille et un gestes du quotidien pour survivre, pour garder leur identité ... Traire les vaches, préparer le pain, accommoder les champignons, rentrer le foin, préparer des conserves ... autant de gestes banals qui permettent de noyer la douleur et la peur en se plongeant dans le "faire", dans le "survivre" indispensable.
Pour moi, un prix "Fémina étranger" sans conteste largement mérité mais à lire quand on a le moral ;o)
Une interview intéressante de l'auteure sur : 
http://www.myboox.fr/video/sofi-oksanen-l-estonie-51-ans-d-occupation-et-de-trahison-3963.html
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mercredi 6 avril 2011

Mauvaise fille de Justine LEVY

Mauvaise Fille de Justine Levy - Édition Livre de poche 184 pages - 6,50 E
Tombée par hasard sur ce livre que j'avais vu au moment de sa parution en tête des ventes, je me suis laissée tenter.
Et là quelle bonne surprise!
Une fille accompagne sa mère dans sa lutte contre le cancer et apprend durant cette période qu'elle attend son premier enfant.
Certes l'histoire en elle même n'a rien de franchement "joyeux" mais l'écriture déliée, spontanée de cette jeune femme nous fait littéralement dévorer ce roman.
Personnellement très proche de cette histoire, j'ai totalement adhéré aux sentiments évoqués par l'auteure: la culpabilité de l'enfant "abandonné" et "balloté", le rapport aux médecins, la fin, et après la fin.....
Cette relation mère - fille si fusionnelle, si proche et si distante à la fois est superbement décrite par Justine Levy.
Un vrai style moderne qui me fait languir son prochain roman.


samedi 2 avril 2011

La consolante d'Anna Gavalda

2010, 634 p., 8€40, poche J'ai lu
Anna Gavalda est une romancière française à succès dont plusieurs romans ont fait l’objet d’adaptations  cinématographiques.
Sentiments partagés  pour  cet ouvrage, qui s’est révélé difficile à démarrer. Une histoire d’aujourd’hui pourtant simple, un couple qui meurt un autre qui nait, mais qui malgré tout nous embarque dans une quête de l’Autre longtemps souhaitée et attendue.
Des héros attachants qui évoluent dans deux mondes différents que rien ne rapproche vont pourtant se rencontrer.
Dans un style d’écriture très haché et chaotique et qui n’est pas toujours simple à suivre, c’est pour moi  le principal reproche que je ferai à ce roman, on tient quand même à savoir ce qu’il va advenir de notre héros perdu dans un monde actuel qui ne l’enchante plus et un passé qui le hante …. et là, on s’accroche !
Enfin on découvre avec lui un Peter Pan féminin Ecolo qui va lui accorder asile.
Un joli tour de piste des sentiments masculins juvéniles, face à la maturité naissante, mais qui, malgré tout, ne méritait pas à mon sens, ces plus de 600 pages.
A lire donc, avec patience et modération.
Elisabeth.




Aujourd'hui, c'est Elisabeth qui s'y colle !

De la diversité nait la richesse, nous le savons tous ! Chacun de nous n'a qu'un point de vue partiel des choses (et donc des livres) et "Il faut limer sa cervelle à celle d'autrui", nous conseille Montaigne, pour ouvrir son esprit. Alors, un nouveau point de vue s'exprime sur ce blog, celui d'Elisabeth ... et il est affuté ;o)
Merci de ton aide précieuse !